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LXXI.

Peinture de la conduite du consul Rutilius à Capoue, que les soldats mutinés avaient projeté secrètement de piller. Il dit aux uns qu’ils ont assez servi, qu’ils méritent d’être stipendiés ; aux autres, que brisés par l’âge et la fatigue, ils sont hors d’état de servir ; il disperse par petites troupes, ou seul à seul, ceux qu’il redoute ; différentes fonctions militaires lui servent de prétexte ; il en occupe à des convois, à des voyages, à des commissions ; il donne des congés ; il en dépêche à Rome, où son collègue ne manque pas de raisons pour les retenir ; il est secondé par le préteur, et la conspiration s’évanouit ; ce qui prouve combien la discipline était faible, et combien la licence du soldat était redoutable.


LXXII.

Éparpiller les soldats partout où ils sont indisciplinés, comme on éparpillait les années sous la République romaine ; Longis spatiis discreti exercitus, quod saluberrimum est ad continendam militarem fidem[1].


LXXIII.

Il est facile de détourner les hommes nouveaux de leurs projets, si l’on sait oublier à temps sa majesté, et profiter des circonstances.


LXXIV.

Ébranler la nation pour raffermir le trône ; savoir susciter une guerre ; ce fut le conseil d’Alcibiade à Périclès.


LXXV.

« C’est l’affaire des dieux, ce n’est pas la nôtre. C’est au ciel à venger[2] ses injures, et à veiller que les autels et les sacrifices

  1. Tacit. Hist. lib. I, cap. ix, fin. (N.)
  2. Deorum injurias diis curæ. C’est un mot de Tibère, par lequel ce prince, qui avait un sens très-adroit quand la haine ou le ressentiment n’égarait pas sa raison, termine la réponse judicieuse qu’il fit au sénat dans l’affaire de Rubrius et du comédien Cassius. Voyez Tacit. Annal, lib. I, cap. lxxiii. (N.)