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NOTICE PRÉLIMINAIRE




On lit dans la Correspondance secrète de Metra, à la date du 19 janvier 1776 (vol. II, p. 324) :

« Voici des notes que M. Diderot a écrites dernièrement à la marge d’une traduction de Tacite ; un ami, auquel il a communiqué cet exemplaire, m’en a laissé prendre copie. »

Suivent les pensées que nous donnons sous le nouveau titre que leur attribue Naigeon : Principes de politique des souverains.

Naigeon, dans son Avertissement à ce sujet (édition des Œuvres de Diderot de 1798), s’exprime ainsi :

« Le manuscrit autographe de cet ouvrage a pour titre : Notes écrites de la main d’un souverain à la marge de Tacite. Ce souverain, c’est le roi de Prusse, qui expose ici les principes de sa politique, celle du moins que Diderot lui supposait. Comme il n’aimait pas ce prince, dont il croyait avoir à se plaindre, il lui prête souvent des maximes et des vues que Frédéric n’aurait certainement ni avouées ni défendues. En un mot, ces notes sont une espèce de testament fait ab irato ; et que, par cela seul, il faut lire avec précaution. De retour dans ses foyers, après un long voyage ; entouré de sa famille et de ses amis qui ne lui rappelaient que des souvenirs doux, Diderot, qui savait aimer, mais qui ne savait pas haïr, oublia des torts réels ou imaginaires. La raison tranquille et impartiale prit la place de la passion qui altère, qui dénature tous les objets, parce qu’elle les exagère tous. Il relut alors de sang-froid ces notes, qu’un sentiment juste ou injuste avait dictées ; et que, dans l’un ou l’autre cas, la morale philosophique dont le premier article est renfermé dans ce vers de Voltaire,


Tous les humains ont besoin de clémence,


lui faisait un devoir de proscrire. Il refondit donc tout l’ouvrage ; retrancha tous les passages qui pouvaient donner à un simple recueil