Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/445

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE IX[1].


Page 205. — Je rencontrai en voyage Lady *** qui passait la moitié de l’année à Paris, le reste à Londres, et qui possédait également bien les langues des deux nations. Je lui demandai si les mœurs des Français lui paraissaient plus ou moins corrompues que les mœurs des Anglais ; elle me répondit que la seule différence qu’elle y mettait, c’est que le vice de ses compatriotes lui paraissait plus grossier. Elle ajoutait encore que c’était la mauvaise compagnie des femmes qui nous perdait, et qu’au contraire dans sa patrie la compagnie dangereuse pour un homme était la mauvaise compagnie des hommes.

Page 206. — Les femmes sont donc priées de se prêter avec égard à la triste situation d’un ministre et d’être pour lui moins difficiles. Peut-être n’a-t-on rien à leur reprocher sur ce point.

Si cela n’est pas de mauvais goût, on conviendra du moins que ces gaietés contrastent un peu avec la gravité de l’ouvrage.


CHAPITRE X[2].


Je traiterais volontiers avec la même sévérité tout le chapitre suivant. Quand j’ai lu au frontispice et quand je lis au haut de la page de l’Homme et de son éducation, je suis un peu surpris de lire, chapitre X : Quelle maîtresse convient à l’oisif ; je ne sais plus si l’auteur est un apôtre des bonnes ou des mauvaises mœurs. Je crois que son ton aurait été moins licencieux s’il eût pressenti l’avantage que ses ennemis en prendraient contre lui. Il y a plus d’un endroit dans son livre dont on peut être scandalisé sans être un bigot. Quand on attaque les préjugés religieux, on ne saurait avoir ni montrer trop de retenue.

Page 207. — Il faut des coquettes aux oisifs et de jolies filles aux occupés. La chasse des femmes, comme celle du gibier, doit être différente selon le temps qu’on y veut mettre. N’y peut-on donner qu’une heure ou deux ? On va au tiré…

  1. Ce chapitre est intitulé : De l’acquisition plus ou moins difficile des plaisirs selon le gouvernement où l’on vit et le poste qu’on y occupe.
  2. Quelle maîtresse convient à l’oisif.