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système général, où une infinité de causes qui la modifieraient feraient varier à l’infini la quantité de ces phénomènes dans les systèmes ou corps élastiques particuliers ? Ainsi un corps élastique plié ne se rompra que quand la cause, qui en rapproche les parties en un sens, les aura tellement écartées dans le sens contraire, qu’elles n’auront plus d’action sensible les unes sur les autres par leurs attractions réciproques ; un corps élastique choqué ne s’éclatera que quand plusieurs de ses molécules vibrantes auront été portées, dans leur première oscillation, à une distance des molécules immobiles entre lesquelles elles sont répandues, telle qu’elles n’auront plus d’action sensible les unes sur les autres par leurs attractions réciproques. Si la violence du choc était assez grande pour que les molécules vibrantes fussent toutes portées au delà de la sphère de leur attraction sensible, le corps serait réduit dans ses éléments. Mais entre cette collision, la plus forte qu’un corps puisse éprouver, et la collision qui n’occasionnerait que le frémissement le plus faible, il y en a une, ou réelle ou intelligible, par laquelle tous les éléments du corps, séparés, cesseraient de se toucher, sans que leur système fût détruit, et sans que leur coordination cessât. Nous abandonnerons au lecteur l’application des mêmes principes à la condensation, à la raréfaction, etc. Nous ferons seulement encore observer ici la différence de la communication du mouvement par le choc, et de la communication du mouvement sans le choc. La translation d’un corps sans le choc étant uniformément de toutes ses parties à la fois, quelle que soit la quantité du mouvement communiquée par cette voie, fût-elle infinie, le corps ne sera point détruit ; il restera entier jusqu’à ce qu’un choc, faisant osciller quelques-unes de ses parties, entre d’autres qui demeurent immobiles, le ventre des premières oscillations ait une telle amplitude, que les parties oscillantes ne puissent plus revenir à leur place, ni rentrer dans la coordination systématique.

5. Tout ce qui précède ne concerne proprement que les corps élastiques simples, ou les systèmes de particules de même matière, de même figure, animées d’une même quantité et mues selon une même loi d’attraction. Mais si toutes ces qualités sont variables, il en résultera une infinité de corps élastiques mixtes. J’entends, par un corps élastique mixte, un système composé de