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plomb, j’en serai surpris ; mais qu’une multitude d’hommes se divise entre eux cette masse, et que chacun d’eux en porte une ou deux onces, ce ne sera plus un tour de force.


NOTES.


Page 97, no 14. — Pourquoi l’affabilité rend-elle le mérite supportable ? C’est qu’elle le rend un peu méprisable.

Je n’entends pas cela. Il me semble au contraire qu’on discute avec rigueur le mérite arrogant, et qu’on se plaît à relever le mérite affable.

Page 99, no 24. — C’est du moment où les hommes multipliés ont été forcés de cultiver la terre, qu’ils ont senti la nécessité d’assurer au cultivateur et sa récolte et la propriété du champ qu’il labourait.

La culture a donc fondé le droit de propriété ? Et pourquoi ? C’est qu’elle est pénible. La chasse et la pêche le sont-elles moins ? Comment la force qui ravit tout ce qui lui convient, aurait-elle donc méconnu son injustice, lorsqu’elle s’emparait du poisson qu’un autre avait pris ou du cerf qu’il avait tué ? Sans cet aveu préliminaire de la conscience, comment les hommes auraient-ils consenti des lois ? Le premier législateur partit sans doute d’un fait qui renfermait l’axiome fondamental de toute morale : Ne fais point à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse ; en sentait-il la vérité ou ne la sentait-il pas ? Si vous répondez le premier, donc il avait quelque notion de justice antérieure à la loi ; si vous répondez le second, vous dites une absurdité évidente.

— C’est de l’intérêt commun de tous, et non d’une idée de justice que sont émanées les premières lois.

— Mais comment l’intérêt aurait-il amené le concert des volontés, si chacun en particulier n’avait pas conçu qu’il était juste de faire pour tous ce que tous s’accordaient à faire pour lui ? Je questionne toujours, je ne prononce pas.

Page 100, no 27. — Le brigandage rangé par Aristote dans la classe des différentes espèces de chasse, me fait rire. Je suis tenté de rayer du nombre des sages un législateur assez étranger au sentiment d’humanité, pour défendre le vol et