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Un des symptômes d’une maladie mortelle est le changement de caractère.

Page 22. — Pourquoi regarder chaque caractère comme l’effet d’une organisation particulière, lorsqu’on ne peut déterminer quelle est cette organisation ?

Ouvrez les ouvrages des médecins aux chapitres du tempérament, et vous y trouverez l’organisation propre à chaque caractère.

Quand on voit une chose, pour l’admettre on n’est pas obligé de l’expliquer.


CHAPITRE IV.


Page 23. — L’amour de soi est permanent et inaltérable.

Mais a-t-il la même énergie dans tous ? Ne varie-t-il point ? Ne se modifie-t-il point ? Le seul point sur lequel je ne contesterai pas, c’est que chacun s’aime autant qu’il est possible à chacun de s’aimer. Mais deux hommes, oui, deux seuls hommes réduits par la nature, l’expérience ou l’institution à la même dose d’amour de soi, seraient le plus étonnant de tous les prodiges.


CHAPITRE V.


Page 24. — Est-il des hommes sans désirs, des hommes insensibles à l’amour du pouvoir ? Oui, mais ils sont en trop petit nombre pour y avoir égard.

Mais leur existence que vous avouez, peut-être un peu trop légèrement, prouve du moins la prodigieuse diversité de ce sentiment. C’est un rapport qui croît depuis zéro jusqu’à un nombre dont j’ignore la limite.

Page 25. — Si l’éloquence dégénère sous les gouvernements despotiques, c’est moins parce qu’elle reste sans récompense[1] que parce qu’elle s’occupe d’objets frivoles et qu’elle est contrainte. Démosthène, en Grèce, parlait au peuple du salut de l’État. De quoi parlerait-il à Paris ? De la dissolution d’un mariage mal assorti.

  1. « Pourquoi cette éloquence, jadis si respectée, n’est-elle plus maintenant honorée ? C’est qu’elle n’ouvre plus la route des honneurs. » De l’Homme.