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augmentait encore cet effet, n’en résulterait-il pas une nouvelle analogie entre le feu électrique et le feu commun ? On a essayé si ce feu extraordinaire ne porterait point quelque vertu dans les remèdes, et ne rendrait point une substance plus efficace, un topique plus actif ; mais n’a-t-on pas abandonné trop tôt ces essais ? Pourquoi l’électricité ne modifierait-elle pas la formation des cristaux et leurs propriétés ? Combien de conjectures à former d’imagination, et à confirmer ou détruire par l’expérience[1] ! Voyez l’article suivant.


XXXV.


quatrièmes conjectures.


La plupart des météores, les feux follets, les exhalaisons, les étoiles tombantes, les phosphores naturels et artificiels, les bois pourris et lumineux, ont-ils d’autres causes que l’électricité ? Pourquoi ne fait-on pas sur ces phosphores les expériences nécessaires pour s’en assurer ? Pourquoi ne pense-t-on pas à reconnaître si l’air, comme le verre, n’est pas un corps électrique par lui-même, c’est-à-dire un corps qui n’a besoin que d’être frotté et battu pour s’électriser ? Qui sait si l’air, chargé de matière sulfureuse, ne se trouverait pas plus ou moins électrique que l’air pur ? Si l’on fait tourner avec une grande rapidité, dans l’air, une verge de métal qui lui oppose beaucoup de surface, on découvrira si l’air est électrique, et ce que la verge en aura reçu d’électricité. Si, pendant l’expérience, on bride du soufre et d’autres matières, on reconnaîtra celles qui augmenteront et celles qui diminueront la qualité électrique de l’air. Peut-être l’air froid des pôles est-il plus susceptible d’électricité que l’air chaud de l’équateur ; et comme la glace est électrique et que l’eau ne l’est point, qui sait si ce n’est pas à l’énorme quantité de ces glaces éternelles, amassées vers le pôle, et peut-être mues sur le noyau de verre plus découvert aux pôles qu’ailleurs, qu’il faut attribuer les phénomènes de la direction de l’aiguille aimantée, et de l’apparition des aurores boréales qui semblent dépendre également de l’électricité, comme nous l’avons insinué dans nos conjectures secondes ? L’observation a

  1. La plupart de ces expériences ont été faites et ont donné des résultats dont Diderot pouvait à peine prévoir l’importance.