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quoi faut-il que le jour de votre triomphe soit marqué des larmes de deux malheureux ? L’enthousiasme de la patrie bouillonnait au fond de votre cœur, vous vous couvrîtes de vos armes et vous allâtes chercher notre ennemi. Attendez que le même enthousiasme me sollicite d’arracher moi-même mes vêtements et de courir au-devant de vos pas, mais ne m’en faites pas une loi. Lorsque vous marchâtes au combat, ce ne fut point à la loi, ce fut à votre cœur magnanime que vous obéîtes ; qu’il me soit permis d’obéir au mien. Ne vous lasserez-vous point de nous ordonner des vertus, comme si nous étions incapables d’en avoir de nous-mêmes ? Ne vous lasserez-vous point de nous faire des devoirs chimériques, où nous ne voyons que trop d’estime ou trop de mépris ? Trop de mépris, lorsque vous en usez avec nous comme la branche de laurier qui se laisse cueillir et plier sans murmure ; trop d’estime, si nous sommes la plus belle couronne que vous puissiez ambitionner. Vous ne contraindrez pas mon hommage, si vous pensez qu’il n’y a d’hommage flatteur que celui qui est libre. Mais je me tais et je rougis de parler au défenseur de mon pays, comme je parlerais à mon ravisseur. »

Qui est-ce qui voudrait d’une femme qui oserait s’exprimer ainsi ? Et parce que la pudeur lui ferme la bouche, est-il honnête d’abuser de son silence et de sa personne ?


SECTION II.


Helvétius continue sur le même texte, savoir : que tous les hommes communément bien organisés ont une égale aptitude à l’esprit.


CHAPITRE I.


Page 82. — Lorsque, éclairé par Locke, on sait que c’est aux organes des sens qu’on doit ses idées..... on doit communément en conclure que l’inégalité des esprits est l’effet de l’inégale finesse de leurs sens.

Dites par Aristote, qui a dit expressément le premier qu’il n’y avait rien dans l’entendement qui n’eût été antérieurement