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J’y consens. Mais un autre enfant diversement né, ou s’endormira s’il est lâche, ou grommellera entre ses dents des mots injurieux contre son père ou son instituteur, s’il est vindicatif. Lâche ou vindicatif, il ne saura pas seulement s’il y avait à côté de lui un pot de fleurs.


CHAPITRE V.


Page 18. — Des idées dépendantes du caractère[1]

— Monsieur Helvétius, vous écoutez-vous ? et le caractère n’est-il pas un effet de l’organisation ?


CHAPITRE VI.


Page 19. — Deux frères élevés chez leurs parents ont le même précepteur, ont à peu près les mêmes objets sous les yeux, ils lisent les mêmes livres. La différence de l’âge est la seule qui paraisse devoir en mettre dans leur instruction. Veut-on la rendre nulle ? suppose-t-on à cet effet deux frères jumeaux ? Soit. Mais auront-ils eu la même nourrice ? Qu’importe ? il importe beaucoup, comment douter de l’influence du caractère de la nourrice sur celui du nourrisson ?

Non, monsieur Helvétius, non, il n’importe rien, puisque, selon vous, l’éducation répare tout. Tâchez donc de vous entendre. Vous raisonneriez juste, si vous conveniez que la diversité de la première nourriture affectant l’organisation, le mal est sans remède ; mais ce n’est pas là votre avis.

Page 20. — Dans la carrière des sciences et des arts que tous deux parcouraient d’abord d’un pas égal, si le premier est arrêté par quelque maladie, s’il laisse prendre au second trop d’avance sur lui l’étude lui devient odieuse.

Si le premier est arrêté par quelque maladie ? Et en est-il

  1. Helvétius peint, dans ce court chapitre, les enfants entrant au collège à sept ou huit ans, et ayant déjà des idées en partie acquises de leurs parents et dépendantes de leur état, de leur caractère, de leur fortune.