Que je devenais immense.
Que leur pied touchait au ciel de leur lit.
Que mes bras et mes jambes s’allongeaient à l’infini, que le reste de mon corps prenait un volume proportionné ; que l’Encelade de la fable n’était qu’un pygmée ; que l’Amphitrite d’Ovide, dont les longs bras allaient former une ceinture immense à la terre, n’était qu’une naine en comparaison de moi, et que j’escaladais le ciel, et que j’enlaçais les deux hémisphères.
Fort bien. Et moi j’ai connu une femme en qui le phénomène s’exécutait en sens contraire.
Quoi ! elle se rapetissait par degrés, et rentrait en elle-même ?
Au point de se sentir aussi menue qu’une aiguille : elle voyait, elle entendait, elle raisonnait, elle jugeait ; elle avait un effroi mortel de se perdre ; elle frémissait à l’approche des moindres objets ; elle n’osait bouger de sa place.
Voilà un singulier rêve, bien fâcheux, bien incommode.
Elle ne rêvait point ; c’était un des accidents de la cessation de l’écoulement périodique.
Et demeurait-elle longtemps sous cette menue, imperceptible forme de petite femme ?
Une heure, deux heures, après lesquelles elle revenait successivement à son volume naturel.
Et la raison de ces sensations bizarres ?
Dans leur état naturel et tranquille, les brins du faisceau ont une certaine tension, un ton, une énergie habituelle qui circonscrit l’étendue réelle ou imaginaire du corps. Je dis réelle