c’est que la matière ? nullement ; ce que c’est que l’esprit et la pensée ? encore moins ; ce que c’est que le mouvement, l’espace et la durée ? point du tout ; des vérités géométriques ? Interrogez des mathématiciens de bonne foi, et ils vous avoueront que leurs propositions sont toutes identiques, et que tant de volumes sur le cercle, par exemple, se réduisent à nous répéter en cent mille façons différentes que c’est une figure où toutes les lignes tirées du centre à la circonférence sont égales. Nous ne savons donc presque rien ; cependant, combien d’écrits dont les auteurs ont tous prétendu savoir quelque chose ! Je ne devine pas pourquoi le monde ne s’ennuie point de lire et de ne rien apprendre, à moins que ce soit par la même raison qu’il y a deux heures que j’ai l’honneur de vous entretenir, sans m’ennuyer et sans vous rien dire.
Je suis avec un profond respect,
Pour éclairer davantage certains passages de cette Lettre, voir, dans l’Encyclopédie, l’article Aveugle, qui n’est pas de Diderot, mais où il a laissé dire que son récit des derniers moments de Saunderson était supposé ; l’Histoire naturelle de Buffon, où se trouve résumée d’après les Transactions philosophiques, l’observation de l’aveugle-né opéré par le chirurgien Cheselden, et sur le même sujet Voltaire, Éléments de la philosophie de Newton ; enfin Locke, Essai sur l’entendement humain, à propos de la question de Molineux.