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que la ferveur est grande : d’où l’on peut conclure, sans aller plus loin, que, s’il est vrai qu’il y ait du bonheur attaché à la pratique des vertus, comme nous le démontrerons, il ne l’est pas moins que la créature ne peut jouir d’une félicité proportionnée à ses désirs, d’un bonheur qui la remplisse, d’un repos immuable, que dans le sein de la Divinité.

Voici donc ce qui nous reste à prouver :

I.

Que le principal moyen d’être bien avec soi, et par conséquent d’être heureux, c’est d’avoir les affections sociales entières et énergiques ; et que manquer de ces affections, ou les avoir défectueuses, c’est être malheureux.

II.

Que c’est un malheur que d’avoir les affections privées trop énergiques, et par conséquent au-dessus de la subordination que les affections sociales doivent leur imprimer.

III.

Enfin, que d’être pourvu d’affections dénaturées, ou de ces penchants qui ne tendent ni au bien particulier de la créature, ni à l’intérêt général de son espèce, c’est le comble de la misère.


PARTIE SECONDE.


SECTION I.


Pour démontrer que le principal moyen d’être heureux, c’est d’avoir les affections sociales, et que, manquer de ces penchants, c’est être malheureux, je demande en quoi consistent ces plaisirs et ces satisfactions qui font le bonheur de la créature. On les distingue communément en plaisirs du corps et en satisfactions de l’esprit.