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CHARTRE.

La plus haute des deux, celle qui s’élève sur la droite, a été le résultat évident d’un ouvrage de déblai et de remblai ; de déblai, en creusant la terre tout à l’entour, ce qui a formé un fossé circulaire ; et de remblai, en la jetant au milieu, ce qui a produit la butte, devenue ainsi une véritable redoute environnée de sa tranchée. Une excavation faite à sa base par le propriétaire, a fait voir la séparation de la terre rapportée d’avec le sol natif sur laquelle elle repose. La seconde butte, revêtue d’une vigie, était la plus haute des deux, avant que le propriétaire s’avisât de l’abaisser de 9 à 10 pieds. Cette butte recouvre des fondations qui annonceraient une construction antérieure et par conséquent bien ancienne, si c’était vraiment un tumulus celtique ; mais tous les vieux habitans du pays ont vu hors de terre les restes de cet édifice qu’on appelait le Château, nom qu’on donne encore à ce terrain, ce qui semble repousser l’hypothèse d’un tumulus. Ces substructions, que le propriétaire a enlevées autant qu’il l’a pu, lui ont paru caractériser deux époques, en ce qu’il les a trouvées aussi solides d’un côté qu’elles l’étaient peu de l’autre. On y a trouvé quelques restes d’armures et de monnaies de diverses époques de la monarchie, mais aucunes médailles ni antiquités romaines. »

On ignore donc, comme on vient de le voir, la destination originaire de ce poste important. Les uns veulent qu’il ait servi à l’établissement de vigies ou signaux, qui auraient correspondu avec ceux placés sur les hauteurs de Lavardin, Vendôme, Fréteval, etc., d’un côté ; de l’autre avec la Tourde-Gane, Nogent-sur-Loir, etc. ; d’autres prétendent qu’il a dû servir à assurer aux comtes d’Anjou, une libre communication par Vendôme, avec l’Orléanais ; la plupart s’accordent à dire que les évoques du Mans, de la maison de Bélesme, qui en furent possesseurs, y renfermèrent les clercs qu’ils voulaient punir : nous pensons qu’en effet, il a du, sous la longue occupation romaine, faire partie du système militaire d’observation établi tout le long du Loir, que nous décrirons à l’article Cré, et que, successivement, il a pu avoir les différentes destinations qu’on lui attribue : nous ne pouvons voir une tombelle, un tumulus gaulois, dans aucune de ces buttes, mais bien de ces élévations artificielles appelées mottes, construites même sur les buttes naturelles, dans les io. e et 1 i. e siècles, sur lesquelles on bâtissait les donjons et châteaux forts, construction qui offrait l’avantage d’employer les terres qui provenaient des fossés creusés à l’entour.