Page:Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, Tome I - Julien Remy Pesche.djvu/85

Cette page n’a pas encore été corrigée
LXI
TROISIÈME ÉPOQUE.

le redire nous-même, que d’après les meilleures autorités, ou en prévenant du peu de certitude qu’offrent tels ou tels récits. Ce soin, nous le prenons pour toute la partie historique de notre travail.

Ce à quoi nous nous attachons également, c’est à faire connaître les usages, les institutions, les mœurs, les lois antiques de la nation, afin qu’on les puisse comparer avec ce qui subsiste ou a encore subsisté de nos jours. Voyons donc, par un rapide examen, ce qu’offre d’intéressant sous ce rapport, la fin du règne ou plutôt de l’anarchie des derniers descendans de Clovis, de cette race qui, à partir de ce prince, donna trente-trois rois à la nation, dont vingt-un régnèrent sur Paris, et dont la domination, en comptant de la même époque, a duré deux siècles et demi.

« Nous sommes enfin arrivés, dit M. de Ségur, en parlant du règne de Clovis II, et du commencement de celui des maires du palais, à l’époque la plus humiliante pour la nature humaine. Toutes les traces de l’antique civilisation avaient disparu ; les lois étaient sans force, les rois sans pouvoir, les grands sans frein, les riches sans pitié ; les guerriers combattaient sans art, s’égorgeaient sans raison, fuyaient sans ordre, et, infidèles à leur serment, ne reconnaissaient plus que la force pour droit. »

« L’état d’anarchie de cette époque amena la barbarie, en éteignant la civilisation ; les lettres cessèrent d’être cultivées, l’amour de l’étude s’éteignit ; les sciences déclinent et dépérissent, dit Grégoire de Tours. » Avitus avait écrit avant lui : « Bientôt il n’existera plus personne qui puisse sentir l’harmonie et le charme des vers. » Enfin, Robertson, traçant plus récemment un tableau littéraire de la même époque, ajoute : « Pendant quatre siècles, l’Europe entière ne produisit pas un seul écrivain qui méritât d’être lu, et l’on citerait à peine une invention utile et agréable à la société, dont cette longue période puisse s’honorer, »