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BELIN.

situé sur sa rive gauche, le nom de Gué-Célard, mot corrompu de Gué-de-César, Vadœ-Cesaris ; elle se trouvait située entre cette rivière de Sarthe et les ruisseaux de Rhône et d’Erip ; une voie romaine, dont nous avons déjà parlé à l’article Alonnes, page 9, traversait le hameau de Ponthibaud. Il serait donc possible, en admettant l’existence de cette station, que la position du château de Belin, qui n’en est éloigné que de 5 kilom. au S. S. E., eut paru convenable pour l’établissement d’un castellum, poste de cavalerie romaine, chargé d’observer la plaine du Belinois. Le nom même de Belin, que nous avons dit signifier petit, ne pouvait-il pas être en langue du pays, la traduction du mot latin castellum, qui a aussi cette acception ? P. Renouard, Ann. de la Sarthe, pour 1815, p. 21, dit qu’on a trouvé plusieurs médailles des Antonins et un anneau d’or, dans le voisinage du château de Belin ; mais il avoue comme nous, qu’il n’y reste aucune trace de construction romaine. Quant à la présence de César dans le Belinois, et à l’inscription de son nom sur d’anciens fragmens de construction, nous ne pouvons que rappeler ce que nous avons dit à cet égard, au précis historique, page xx.

L’histoire féodale du Belinois, ne remonte pas au-delà du 13.e siècle ; mais, à son défaut, Orderic Vital, historien normand, qu’il faut toujours consulter pour l’histoire antérieure de notre pays, nous apprend que, lorsqu’au mois de juillet 1099, Guillaume-le-Roux, roi d’Angleterre, duc de Normandie et prétendant au comté du Maine, vint pour arracher cette province à Hélie de la Flèche son compétiteur, celui-ci, en se retirant au château du Loir, fit dévaster le pays et mettre le feu aux châteaux de Vaux, de Vallis, et d’Oustillé, Ostilliacum, sur la frontière du Belinois, « afin que les troupes normandes ne trouvassent rien à piller, et n’eussent pas même de maison ou elles pussent se préparer un lit pour prendre du repos. Robert de Montfort, chef de l’armée de Guillaume, marcha en avant avec cinq cents chevaliers, éteignit l’incendie du château de Vaux, et fortifia la place pour le service du Roi. » Il est bon de rendre justice à qui elle appartient : jusqu’ici on avait toujours attribué l’incendie de ces deux châteaux à Guillaume-le-Roux.

Lors des guerres des Anglais dans le Maine, sous Charles V, les ducs d’Anjou, comtes du Maine, donnèrent des ordres réitérés et pressans relativement à la forteresse de Belin, à laquelle ils attachaient une grande importance pour la défense du pays. En 1358, il est ordonné au sire de Belin « d’appeler et jupper de nuit les paroissiens de S.-Ouen,