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BEAUMONT-SUR-SARTHE.

le droit de conférer la haute, moyenne et basse justice à ses vassaux, en retenant le ressort à sa suzeraineté ; comme aussi le droit de prévention sur son vassal, de degré en degré ; c’est-à-dire le droit d’instruire d’un crime commis sur le territoire de son vassal, lorsque la dénonciation lui en était faite.

Parmi les fiefs de cette commune, celui de la Motte, cette belle tombelle dont nous parlerons plus bas, n’appartenait point en propre à la seigneurie de Beaumont : c’était un fief particulier que possédait, en 1658, Charles Deniau, conseiller au siège royal de Beaumont. De nos jours, M. le comte de Faudoas, baron de Sérillac, qui en était propriétaire, en fit don à la ville de Beaumont, moyennant une rente de 75 francs pour les pauvres, et à la charge de lui ériger un monument avec inscription, en souvenir de ce don ; devoir qu’on s’occupe de remplir en ce moment. La Courbe, autre fief, possédé en 1650, et 1663, par Guillaume Surgan.

Historique. La ville de Beaumont placée entre la Normandie et la capitale du Maine, fut une des plus exposées de cette province aux ravages de la guerre, lorsque, à partir de 1002 (voir le précis historique, page lxxxvii et suivantes), les héritiers directs d’Hubert II, comte du Maine, et Guillaume-le-Bâtard qu’il avait désigné pour lui succéder dans le gouvernement de ce comté, se le disputèrent pendant quarante ans, eux et leurs successeurs, les armes à la main. Guillaume étant venu défendre le Maine, attaqué par Gautier de Meulan, époux de Biote, mit le siège devant Fresnay, où commandait Hubert II de Sainte-Suzanne, vicomte de Beaumont, qui en était seigneur. Celui-ci, trop faible pour lui résister, remet la place à Guillaume avec celle de Beaumont, et entre à son service où il reste quelque temps ; mais dévoué intérieurement au parti des compétiteurs du duc de Normandie, il reprend bientôt les armes en leur faveur, s’empare de Beaumont, et cette malheureuse ville passe alternativement trois fois de suite, des mains de Guillaume en celles du vicomte Hubert son seigneur. Ces événemens eurent lieu de 1062 à 1064 ou 1065. Plus tard, vers l’an 1083, un différent avec Guillaume, ou la haine naturelle que les Manceaux portaient à la domination Normande, ayant engagé Hubert II à lever l’étendard de la révolte, il abandonna ses châteaux de Fresnay et de Beaumont, et se retira avec sa famille dans celui de Sainte-Suzanne, d’où attaquant sans cesse le Mans et les autres places occupées par des garnisons normandes, celles-ci appelèrent le roi Guillaume-le-Conquérant à leur secours. Ce prince accourut dans la province avec une forte armée, et tenta, mais en vain, de