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ATHENAY.

dence et de son obstination, lui prédit que si, dans six mois, il ne chassait pas sa concubine, le feu et l’eau lui ôteraient l’usage de la vie, ce qui arriva. Environ six mois après cette prédiction, Damase ayant passé la rivière de Sarthe, pour faire voler un faucon dans une plaine, que l’ouvrage dont cette anecdote est tirée, dit être située inter Parte Naïum et Belsiacum, (probablement Parce et Beaucé, ou l’extrémité nord de la lande de Vion), il survint un orage qui le surprit avec son fauconnier lorsqu’ils chassaient à l’oiseau. Damase, voulant gagner le couvert dans une maison qui paraissait sur une roche de l’autre côté de la rivière, entra avec son fauconnier dans un bateau qui se trouva sur le bord. A peine furent-ils embarqués, que le tonnerre brisa le bateau et coula ces deux hommes à fond. Quelque recherche qu’on fit, on ne put trouver le corps du seigneur ; celui du fauconnier le fut auprès de l’île de Sablé, où le courant de l’eau l’avait entraîné.

Damgerose, qu’on appelait la Belle-Fille, effrayée et touchée de cet accident, alla trouver l’évêque, lui confessa ses fautes et lui en demanda l’absolution. Ensuite elle se retira, avec deux de ses parentes, dans une terre qu’elle tenait de son père, où elle bâtit, sur le penchant d’une petite colline, un Oratoire dans lequel elle fit pénitence pendant cinquante ans : c’est où existe à présent le château de Belle-Fille. » Cette histoire est tirée de la légende dorée des évêques du Mans.

N’en déplaise au légendaire, est-il bien religieux de rendre le pauvre fauconnier victime des erreurs de son maître ; et ce miracle ne serait-il pas plus édifiant, si ce malheureux se fût retiré vivant de cet accident, tandis que le seul coupable aurait péri ?

La chanson du Chevalier et du Fauconnier, publiée dans les Affiches du Mans, du 11 septembre 1827, n°73, est tirée d’une nouvelle inédite, dont cette anecdote a fourni le sujet.

Le château de Belle-Fille a appartenu successivement aux maisons de Courthardy, du Bellay, Levayer de Lignerolle, de Hautefort et Nepveu : il est encore actuellement dans cette dernière maison.

antiq. Près d’une métairie appelée la Têtardière, située entre le château de Belle-Fille et le bourg d’Athenay, se trouve un pâti dans lequel, en creusant pour une construction, on découvrit des souterrains qui occupaient un espace assez considérable. On n’a point suffisamment observé ces souterrains, qui auraient pu présenter quelque intérêt,