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CDIX
CINQUIÈME ÉPOQUE.

allant à la découverte avec quelques cosaques, donna au feld-maréchal le premier avis de la marche et de la position du convoi. Le maréchal détacha à l’instant les généraux de cavalerie Korf et Basilischikoff pour l’attaquer. A la vue de l’ennemi, la colonne et le convoi se replièrent sur Fère-Champenoise, au moment où arrivait sur ce point, par la route de Vitry, la cavalerie de la grande armée austro-russe. Informé de cette rencontre, le généralissime prince de Schwatzemberg, fait revenir en hâte une partie de la cavalerie qui poursuivait les maréchaux Mortier et Marmont ; en même temps, l’empereur Alexandre ordonne lui-même de faire avancer les canons russes. Pressée et chargée de tous côtés, par des troupes sous les ordres immédiats des souverains alliés et du généralissime, la colonne française se forme en plusieurs carrés, et se dispose à la plus courageuse résistance : elle n’était composée néanmoins que de jeunes soldats et de gardes nationales (dont faisaient partie celles de la Sarthe) ; mais rien ne put intimider ces militaires encore novices. Les carrés continuent leur marche en faisant feu, bravant les charges de cavalerie, rejetant les sommations réitérées des parlementaires russes, et refusant toujours de mettre bas les armes, malgré les plus vives attaques. En vain le colonel Rapatel, le même qui avait recueilli les dernières paroles et reçu les derniers soupirs du général Moreau, s’avança seul pour faire cesser la lutte inutile de cette brave troupe qui, entourée et désespérant de vaincre, voulait au moins mourir avec gloire : « Mes amis, leur crie le colonel, cessez de combattre, vous avez acquis l’honneur ; Alexandre vous rendra sur le champ la liberté ! » A peine il achève que, frappé de deux balles, il tombe et meurt… Il était aide-de-camp d’Alexandre.

« L’artillerie seule put vaincre la résistance de cette poignée de braves, qui luttaient contre toute une armée. Des batteries ouvrent leur feu et entament les carrés ; des charges simul-