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CDVI
PRÉCIS HISTORIQUE,

De même aussi que dans le reste de l’empire, les Sarthois ne refusèrent au chef de la nouvelle dynastie, à sa jeune épouse, et à son fils, aucunes marques d’amour, de respect, de dévouement. Adresses, députations, sermons, mandemens, félicitations de tout genre, sous toutes les formes, soit de la part des individus, des corporations, des villes même, et, enfin, au nom du département tout entier, par l’organe de son conseil-général ; rien ne fut épargné pour prouver à l’auguste empereur napoléon-le-grand, ainsi qu’à sa dynastie, le dévouement et l’amour de ses sujets. Jusqu’au jour de sa chute, les discours et les écrits adulateurs se soutinrent, avec un redoublement de ferveur, qui paraissait être en raison inverse de la réalité ; enfin, l’abnégation devint telle, qu’un des hommes les moins dévoués en réalité, franchissant les limites de l’hyperbole, sans doute d’après la maxime que qui veut prouver trop ne prouve rien, assurait le monarque que nos vies et nos biens lui appartenaient : idée servile, qui déjà avait été produite dans un banquet préfectural, donné le 5 décembre 1813, pour la fête anniversaire du couronnement, et dans lequel avait été porté ce toast : à la dynastie de napoléon ! Citoyens, soldats et administrateurs, nous verserons notre sang s’il le faut, nous consacrerons nos fortunes, pour le service du plus grand des héros, pour défendre la patrie, et conquérir une paix digne de notre chère France. ! A peine quelques mois, quelques jours s’étaient-ils écoulés, que le même langage était employé, les mêmes protestations d’amour étaient adressées, par les mêmes hommes et les mêmes corporations, au prince à qui venait d’être rendu le trône de l’usurpateur !

Cependant les désastres de l’armée de Russie en 1812, et les malheurs de la France qui en furent la suite, avaient trouvé la jeunesse Sarthoise disposée à un dévouement plus réel : ce dévouement en partie forcé, en partie volontaire, c’était surtout à la patrie qu’il s’adressait. Soit qu’ils mar-