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CCCLIII
CINQUIÈME ÉPOQUE.

afin de n’être pas obligé de le repéter sans cesse, et pour réduire au silence les hommes de mauvaise foi qui viendraient nous accuser de partialité dans le récit de cette guerre civile. Nous respectons l’opinion royaliste de cette époque, d’autant qu’il y avait un plus grand danger à la manifester ; nous croyons même, quelque soit la réprobation dont il soit utile de flétrir ces funestes guerres, qu’il y a quelque chose d’honorable, au moins sous le rapport de courage, à soutenir une opinion bien sentie et non factice, les armes à la main. Mais, les hommes de bonne foi conviendront à leur tour, et l’aveu s’en trouve plus loin dans quelques pièces émanées de la chouannerie elle-même, que le prétendu royalisme qui en fut le prétexte, n’a rien de commun avec l’enthousiasme contre-révolutionnaire de la Vendée ; qu’un grand nombre de ceux qui prirent les armes dans cette nouvelle guerre, se soucièrent peu d’assurer le triomphe de la cause, sous les enseignes de laquelle ils se rangèrent ; qu’elle ne leur servit que d’un masque honorable, pour excuser une conduite souvent infâme, la soif du sang, le désir de la vengeance, et la cupidité qui conduit à la spoliation. Le crime est toujours crime, de quelque sophisme qu’on se serve pour le pallier ; et certes, si le royalisme, la religion surtout, peuvent tolérer que l’on prenne les armes pour leur défense et pour faire triompher leur cause, face à face avec l’ennemi, sur un champ de bataille ; ils ne peuvent autoriser l’assassinat du citoyen paisible, désarmé, sans défense ; le brûlement des pieds ; le viol et l’incendie, du malheureux cultivateur et de sa famille, de tout autre individu isolé, tranquillement livré à ses occupations. Telle fut pourtant la conduite habituelle que tinrent une foule de vagabonds, de prolétaires sans moralité, de libertins turbulens, l’écume, enfin, de la population des villes et des campagnes, qui trouvèrent facile, en arborant une bannière respectable, d’acquérir les moyens de se livrer à toutes leurs passions, en puisant dans la bourse de leurs

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