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CCCXLVIII
PRÉCIS HISTORIQUE,

est telle heure, en ce moment les têtes des conspirateurs Bazinistes sont tombées sur l’échafaud. » Mais ses prévisions, ses sanguinaires espérances, furent trompées, le tribunal révolutionnaire de Paris, dans sa séance du 11 floréal (30 avril 1794) avait prononcé que les dix accusés « prévenus d’avoir été complices de la conspiration qui a existé dans la commune du Mans, contre la liberté et la sûreté du peuple français, tendant à dissoudre la représentation nationale à anéantir le gouvernement républicain, et à exciter la guerre civile, en armant les citoyens les uns contre les autres, ou contre l’exercice de l’autorité légitime, sont acquittés de l’accusation contre eux intentée, et mis en liberté. » Il y a dans ce jugement une bizarrerie remarquable : on y reconnaît qu’une conspiration a existé et ceux que Garnier accusait d’en être les auteurs, n’y sont qualifiés que de complices, et tous sont acquittés, et l’on ne voit point d’autres individus indiqués à leur place, comme pouvant être les auteurs de cette conspiration ! Ainsi furent arrachés à la mort des hommes la plupart estimables, dont plusieurs n’existent plus, dont un petit nombre sont restés invariables dans leurs opinions, au moins en théorie ; dont un plus grand nombre sont revenus à des sentimens d’amour portés jusqu’à l’enthousiasme, pour une autre autorité légitime, pour l’auguste famille proscrite alors.

Garnier de Saintes, un instant aterré par le dénouement inattendu du drame dont il avait cru faire une sanglante tragédie, s’était éloigné du Mans, avec l’espoir de ressaisir bientôt sa proie. En effet, il y revient au commencement de messidor (juin 1794), réunit le peuple en assemblée générale, et fait signer par cette assemblée et par toutes les autorités publiques, une nouvelle dénonciation à la Convention Nationale et aux comités de Salut-Public et de Sûreté-Générale, contre les prétendus conspirateurs, leurs complices et adhérens. « Une coalition liberticide, est-il dit dans cette adresse,