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CCCXLIII
CINQUIÈME ÉPOQUE.

l’entrée des vendéens au Mans : « Considérant que de jour en jour, disait-il dans son arrêté du 12 frimaire (2 décembre 1793), les citoyens du Mans sont plus disposés, malgré la faiblesse de leurs moyens, à résister vigoureusement contre les attaques des brigands ; arrêtons que, dans toutes les rues par où les brigands pourront se porter en venant attaquer cette ville, il sera placé des fûts de barriques, des bois, fagots et autres objets propres à embarrasser les rues ; autorisons les commissaires nommés à cet effet, à requérir toutes les personnes qu’ils jugeront propres à remplir ces opérations, et, en cas de refus de la part de celles requises, elles seront mises en état d’arrestation, comme suspectes ; et pour donner plus de latitude au plan de résistance à opposer, il est enjoint sous peine d’arrestation, à tout citoyen indistinctement, du moment que le signal d’alerte sera donné, de barricader les portes de sa maison, et de se joindre à la force armée, « laissant aux femmes patriotes le soin de lancer de leurs croisées les pierres, les bois, l’eau bouillante et autres effets, dont elles pourront faire usage, pour exterminer l’ennemi ; et, dans le cas où il se trouverait quelque individu assez scélérat pour tourner ce moyen de défense contre quelques patriotes, il sera fusillé aussitôt et sa maison rasée. » Cet arrêté avait jeté une terreur générale dans les esprits, placés entre le danger de la désobéissance, et celui des représailles de l’ennemi : ce dernier sentiment l’emporta, et cet arrêté ne reçut aucune exécution. Seulement les petits drapeaux tricolores que les habitans étaient obligés d’avoir alors à leurs fenêtres, paraissaient et disparaissaient plusieurs fois dans la même heure, suivant que l’annonce de l’approche de l’ennemi, les faisait enlever, ou que les injonctions de la police forçaient à les rétablir.

Une autre proclamation du même commissaire, datée d’Alençon le 25 frimaire (15 décembre), organisait le massacre contre les débris de l’armée vendéenne. « Si vous aimez