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CCCXXXIX
CINQUIÈME ÉPOQUE.

poursuite. Vingt-deux femmes vendéennes qui s’étaient enfuies dans des voitures par la route de Bonnétable, en sont ramenées, et massacrées à leur arrivée sur la place des Jacobins, par des hussards excités, dit-on, à cet acte féroce et sanguinaire, par des femmes des différens faubourgs. Une ouvrière, qui passait au moment de cette horrible exécution, obtient la permission de sauver un enfant de trois à quatre ans que sa mère tenait entre ses bras : « Non, s’écrie le pauvre enfant, moi mourir avec maman ! » Un homme de Gourdaine avait recueilli un enfant vendéen dans la déroute, et l’apporte à la municipalité pour obtenir la permission de l’élever. — « C’est un louveteau, dit un homme bien pensant de l’époque, il faut l’étouffer ! » — « Non citoyen, répond l’homme pauvre mais humain, tu ne l’étoufferas pas ; c’est de quoi faire un homme, je l’emporte et je l’adopte. »

La catastrophe terminée et le danger disparu, chacun sort de sa maison. On se rencontre dans les rues, on s’embrasse sans trop se connaître, pour se féliciter d’être échappé au danger. Chacun ignorait ce qui s’était passé hors de son quartier ; on allait voir les maisons qui avaient le plus souffert du combat ; quelques-unes étaient criblées de balles, de biscaïens, de mitraille, de boulets ; dans plusieurs on trouvait de ces projectiles tombés dans les appartemens.

Les autorités publiques s’étant éloignées du Mans avant l’invasion, on forma une municipalité provisoire, et on s’occupa des moyens de déblayer la ville, des immondices et des cadavres qui en obstruaient les rues : la plupart de ces cadavres affectés de leur vivant de maladies contagieuses, menaçaient d’y propager l’infection. Il s’agissait aussi de pourvoir à la subsistance des troupes, et pour l’une comme pour l’autre de ces nécessités, on manquait de voitures et d’approvisionnemens. Les représentans du peuple Barbot, Thureau et Prieur de la Marne, qui se trouvaient