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PRÉCIS HISTORIQUE,

des deux armées. Les uns ont cru que l’officier vendéen était Stofflet, d’autres que c’était Larochejaquelein : on ignore quel était l’officier républicain. Ce combat fut sans résultat, parce que l’affluence des soldats des deux partis qui se poursuivaient, sépara les combattans.

Les vendéens n’avaient ni hôpitaux, ni médicamens pour leurs blessés et leurs malades, et les trois seuls chirurgiens qui fussent dans leur armée, aimaient mieux se battre que de faire leur métier. Ils manquaient aussi d’ingénieurs, et leurs canonniers, qui étaient des allemands pour la plupart, visaient mal et pointaient trop haut.

Les chefs se plaignaient d’avoir bon nombre de sauve qui peut ! de désorganisateurs, parmi leurs gens : ils les appelaient le parti Jacobin. On prétend que les hommes de ce parti avaient, dans la nuit du 12 au 13, brisé exprès dans la rue Dorée, des canons et des caissons pour embarrasser la retraite ; et qu’à Granville ils avaient fait échouer le siège en éteignant l’ardeur des paysans, à qui ils insinuaient que les chefs voulaient s’embarquer pour l’Angleterre et les abandonner à la merci des républicains.

L’incertitude où étaient les vendéens du point sur lequel ils devaient opérer leur retraite, et si l’on devait marcher sur Paris ou vers la Bretagne, les fit se disperser sur les quatre routes qui conduisent dans ces directions. Les uns s’acheminèrent par la route d’Yvré, les autres vers celle de Bonnétable ; le plus grand nombre du côté de la Croix-d’Or, où l’enfourchement des routes d’Alençon et de Laval les jeta dans un nouvel embarras : la plus grande partie, néanmoins, prit la dernière de ces routes, qui était la plus convenable. Ceux qui avaient suivi les deux premières se virent contraints, en apprenant leur erreur, de regagner celle de Laval, par des chemins détournés et à travers les champs ; beaucoup d’entr’eux, furent surpris par les bleus, qui ne les ménagèrent pas, irrités qu’ils étaient par les longues