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CCCXXIX
CINQUIÈME ÉPOQUE.

propriétés, firent eux-mêmes des battues dans les bois et dans les fermes, où ils tuèrent un grand nombre de fuyards. Quant aux divisions de l’armée qui suivirent Westermann, elles se contentèrent de ramasser dans la route les individus des deux sexes qui, paraissant suspects, n’étaient point réclamés par les habitans du lieu. Mais malheur à ceux qui ne pouvaient marcher ! faute de moyens de transport, ils étaient fusillés sur-le-champ. Les femmes, jadis les plus riches, se traînaient avec peine dans la boue, cherchant à s’assurer la protection de ces patriotes, dont le seul aspect autrefois ne leur eût inspiré que la colère et le mépris. Au milieu de tant d’atrocités, on aime à reposer son imagination sur quelques traits d’une pitié généreuse. Les soldats d’Aunis et d’Armagnac, auxquels était dû principalement le gain de la bataille, emmenèrent plusieurs vendéennes de distinction, sans se prévaloir du droit de conquête, sans même se permettre aucun propos indécent : presque tous respectèrent leurs captives, et en arrachèrent beaucoup à une mort certaine, au risque de périr eux-mêmes victimes de leur humanité.

« Larochejaquelein arriva dans la soirée du 13 à Laval, et fut rejoint dans la nuit par tout ce qui avait pu échapper au fer des patriotes. Ce fut alors que les chefs vendéens purent sonder la plaie profonde de leur parti. Le désastre du Mans venait de leur enlever leurs plus braves soldats, leur artillerie, leurs munitions ; tous furent d’avis de se rapprocher de la Loire, pour en tenter le passage à quelque prix que ce fut. Il fallait éviter un ennemi infatigable, qui avançait à grandes journées. Avant le jour, le signal du départ fut donné ; mais les malheureux vendéens étaient tellement accablés de fatigues, de besoins, de maladies, que la plupart de ceux qui ne purent marcher, saisis de terreur, se laissèrent désarmer par les femmes de Laval. »

Entendons actuellement Madame de Larochejaquelein, dans un style que nous voudrions savoir être le sien, nous ra-