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PRÉCIS HISTORIQUE,

laquelle il ne croit plus. Que lui importe le retour de l’ancien régime, si le régime actuel est dix fois plus fâcheux ? Ceux qui rétabliront cet ancien régime, quelque soit la couleur de leurs bannières, s’ils font cesser les calamités présentes, seront pour lui des bienfaiteurs ; et ceux qui travaillaient au succès de la cause contre-révolutionnaire n’étaient point avares de promesses à cet égard.

Telle était la disposition des esprits dans la Sarthe à l’époque de l’invasion de l’armée vendéenne, et lorsqu’ensuite la chouannerie y fit flotter ses étendards ; telle est aussi, joint à la situation topographique et à la nature du sol de cette contrée, la cause du succès qu’y obtint cette dernière guerre, bien plus que des sentimens, des principes politiques contre-révolutionnaires naturels, arrêtés d’avance par ses habitans, en haine de la révolution.

Ce fut au moment même où les conventionnels envoyés en mission dans la Vendée, près l’Armée des côtes de la Rochelle, prenaient des mesures qu’ils croyaient devoir étouffer les germes d’insurrection qui, depuis six mois, désolaient cette contrée, que l’étendard de la révolte se déploya à l’ouest du département de la Sarthe. Un arrêté de ces représentans daté de Saumur, le 7 septembre, « Ordonne : qu’un tocsin général sonnera le 12 du même mois dans tous les districts d’Angers, Saumur, Baugé, Ségré, Château-Neuf (Maine-et-Loire) ; Châteaugontier (Mayenne) ; la Flèche, Sablé (Sarthe) ; Bourgueil et Chinon (Indre-et-Loire) ; pour appeler à la défense de la patrie, tous les citoyens en état de porter les armes. — Les citoyens ainsi appelés par le tocsin, seront tenus, sous peine d’être emprisonnés comme suspects, de se rendre le lendemain 13, tant à Saumur qu’à Angers, sous la conduite d’un seul chef par commune, pour s’y réunir à l’armée de la république : ils s’armeront de fusils, de piques, de fourches, de brocs, de faulx à revers, et généralement de toutes les armes qu’ils pour-