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PRÉCIS HISTORIQUE,

ville, et s’avancèrent même jusqu’à l’un de ses faubourgs ; mais l’attitude de la garde nationale, la surveillance des autorités, et le patriotisme de la jeunesse mancelle, firent avorter ces tentatives d’insurrection, et le contingent se compléta volontairement[1].

Cependant, l’insurrection Vendéenne prenait de la consistance ; une lettre des administrateurs du département des Deux-Sèvres, du 15 mars 1793, annonce que ce département et celui de la Vendée sont en proie à un grand nombre de brigands contre-révolutionnaires ; que Chollet est en cendres ; que les succès des séditieux sont rapides, et les patriotes sans armes et sans munitions. À cette époque, toutes les frontières de la France sont envahies ou menacées ; la Convention a déjà organisé huit armées ; bientôt elle en aura sur pied quatorze ; mais il y a peu de troupes disponibles pour l’intérieur : il faut donc avoir recours aux gardes nationales pour y suppléer, à l’effet de détruire ou de comprimer l’insurrection. Celles des départemens les plus voisins sont prêtes à marcher les premières, et la garde nationale de la Sarthe n’est pas en arrière, pour envoyer son contingent. Chaque petite ville, chaque canton, fournit son escouade, sa compagnie, bien habillée, bien équipée ; et dans le bataillon Sarthois qui se forme au Mans, on remarque entre autres, un détachement de gardes nationaux d’une petite commune, le Luard, que l’ancien seigneur, le marquis le Gras, a organisés, armés et équipés ; et c’est, encouragé par ce gentilhomme, que la manie de l’émigration n’a pu séduire, que le précepteur de son fils, marche à la tête de ce déta-

  1. Un frère de l’auteur, imprimeur dans la maison Monnoyer, au Mans, et bon nombre de ses amis, que ne dévorait point l’ardeur martiale, mais qu’un vrai patriotisme animait, s’enrôlèrent pour achever de compléter le contingent demandé, dans l’unique but d empêcher les troubles qui auraient pu éclater. Ce jeune homme fut tué peu de temps après, pendant le blocus de Maubeuge.