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CCXCIX
CINQUIÈME ÉPOQUE.

Primaudière, Froger, Sieyes, Letourneur, Philippeaux, Boutroue, Levasseur, non.

Ainsi que nous l’avons dit plus haut, une levée de trois cents mille hommes, ordonnée par un décret du 24 février 1793, fut la cause ou le prétexte[1] déterminant de l’insurrection vendéenne. Il s’en fallut peu qu’elle ne produisit le même effet dans la Sarthe. Déjà les contre-révolutionnaires, prenant quelqu’assurance et une attitude active qu’ils n’avaient pas eue jusqu’alors, commençaient à apporter des entraves réelles à la marche des affaires publiques : c’est dans cette occasion que leurs efforts se manifestèrent d’une manière évidente. Des lettres furent répandues dans les campagnes, qui annonçaient qu’on allait forcer les jeunes gens à fournir par la voie du sort, le contingent demandé ; et le peu d’empressement qui fut mis à aller s’inscrire volontairement, sur les registres ouverts à cet effet, semblait justifier cette nécessité. « La liberté est anéantie, disaient les excitateurs, du moment où l’on agit par la force, en employant les moyens dont faisaient usage les tyrans. » On invitait la jeunesse des campagnes à se joindre à celle des villes, à celle du chef-lieu, particulièrement, pour repousser ce despotisme odieux. Ces lettres incendiaires produisirent leur effet : le matin du 11 mars, jour où la jeunesse du Mans devait se réunir pour aviser au mode à employer pour fournir son contingent, des troupes de gens armés se montrèrent, au nombre de cinq à six cents, sur les différentes routes qui aboutissent à cette

  1. « Ce fut vers les premiers jours de mars 1793, que le tocsin sonna dans 700 à 800 communes des départemens des Deux-Sèvres, de la Vendée, de Maine-et-Loire, et de la Loire-Inférieure. On a cru que la loi sur le recrutement en avait été le motif, on s’est trompé : elle a tout au plus servi de prétexte à quelques communes environnantes, qui n’étaient pas de la conspiration. » Rapport de Choudieu à la Convention, séance du 18 pluviôse an II (6 février 1794.)