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CINQUIÈME ÉPOQUE.

clusion de Louis XVI au Temple, en détruisant le pouvoir exécutif, forcèrent l’assemblée législative à y suppléer : elle nomma, à cet effet, par un décret du 11, un conseil de six ministres, chargé de ce pouvoir, indispensable à la marche du gouvernement.

Une Convention nationale est décrétée, pour prononcer sur le sort de la patrie et du monarque. Les assemblées primaires se réuniront dès le 16 août, afin de choisir des électeurs, chargés de nommer les députés à cette troisième législature : ces assemblées « sont invitées à revêtir leurs représentans d’une confiance illimitée. » Il suffira, pour être éligible, comme électeur et comme député, d’être âgé de vingt-cinq ans. La Convention nationale se compose de sept cent cinquante membres : la Législative n’en comptait que sept cent quarante cinq ; mais, depuis quelques jours, la France s’est accrue de la Savoie, formant un 84.e département, sous le nom du Mont-Blanc. Dans ce nombre de députés, le département de la Sarthe en enverra dix, comme à l’assemblée précédente. L’assemblée électorale de ce département est convoquée et s’assemble à Saint-Calais, chef-lieu de district : elle forme son bureau le 3 septembre, au soir. Philippeaux en est nommé président ; René Levasseur, chirurgien au Mans, secrétaire. On a écrit récemment[1], que « cette assemblée fut glacée de terreur ; qu’on y entendit prononcer ce cri de tyrannie anarchique que celui qui votera pour un aristocrate, sera livré à la vindicte publique ! et que ce fut d’une telle assemblée, dominée par quelques énergumènes, que sortit, comme la foudre du sein de l’orage, le nom du trop célèbre Levasseur. » Certes voilà une phrase bien ronflante ; mais qui n’en est pas plus près de la vérité. Jamais terreur ne fut plus bénigne que celle qui régna dans cette assemblée électorale ; et, il le faut dire à

  1. Voir dans l’écho, journal politique de la sarthe, du 27 février 1830, un article signé O, Sur les Mémoires de R. Levasseur.