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CCLXXXII
PRÉCIS HISTORIQUE,

que je l’ai dit, par la division de la France en quatre-vint-trois départemens, décrétée par l’assemblée des états-généraux, les 15 janvier, 16 et 26 février 1790, et sanctionnée par lettres-patentes du roi, du 4 mars suivant. Pendant cette première période, les députés du Tiers, auxquels s’étaient réunis une partie de ceux du clergé, s’étaient déclarés, le 17 juin 1789, à la majorité de 480 voix sur 569, Assemblée nationale ; et, trois jours après, dans la fameuse réunion du jeu de paume, les mêmes membres jurent de ne se séparer qu’après avoir donné une constitution à la France. Les cahiers du Tiers-État étaient unanimes sur la nécessité de donner une constitution au royaume ; un certain nombre de cahiers des deux autres ordres, exprimaient la même nécessité ; mais, en général, on y avançait le principe qu’il en existait une ancienne, et qu’il ne s’agissait que d’en rétablir les bases et d’en assurer l’exécution. L’assemblée nationale porta la qualification de Constituante, depuis le fameux serment du 20 juin.

Un autre événement fort important de cette période, est la séance du 4 août : on peut la considérer comme la lave d’un cratère qui, dans son éruption fougueuse et dévorante, entraîne et consume tout sur son chemin. Dans la séance du matin de ce jour, l’assemblée décrète qu’une déclaration des droits de l’homme et du citoyen précédera l’acte constitutionnel. « En produisant cette déclaration, dit, avec énergie, un jeune député de la noblesse, le vicomte (depuis duc) Mathieu de Montmorency, donnons un grand exemple à l’univers ; présentons-lui un modèle digne d’être admiré. » Le soir, la séance se rouvre à huit heures, et dans quelques instans l’arbre antique de la féodalité, après huit à neuf siècles d’existence, tombe sous la hache des réformateurs. Égalité des charges ou de l’impôt ; suppression, avec ou sans remboursement, de tous les droits féodaux, des corvées, des servitudes personnelles, des pensions et places de la cour,