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CCLXXXI
CINQUIÈME ÉPOQUE.

aux portières avec des cocardes, bal tant des mains en criant : bonnes nouvelles, bonnes nouvelles ! La foule y répondit par de nombreux applaudissemens, et suivit en masse la voiture qui s’arrêta enfin. Les uns s’accrochent aux portières, d’autres aux roues ; ici on monte sur les bornes, là sur les fenêtres ; les yeux, les cœurs demandent quelles sont donc ces nouvelles, avant que la bouche en eût fait la question. Un voyageur prend la parole ; le silence le plus profond s’établit sur le champ ; on écoute, on recueille avec avidité tout ce qu’il dit : il racontait la prise de la Bastille ! A peine le voyageur eut-il fini de parler que la foule se dissipa, tant était vif le besoin que chacun éprouvait d’aller raconter cette nouvelle à sa femme, à ses enfans, à ses amis. C’était une joie, un enthousiasme, que peut seul inspirer l’amour de la liberté.

« Quelques jours après, les citoyens de la ville du Mans m’offrirent la cocarde nationale et me dirent : « Elève de Jean-Jacques, ton patriotisme te rend digne de la porter. » Je suivis, en l’acceptant, l’exemple que m’avait donné mon colonel. Je reçus des preuves réitérées de la confiance des habitans du Mans, qui me nommèrent commandant de la garde-nationale à cheval de cette ville, et membre de son conseil municipal. Ces deux places me mirent à même de leur rendre quelques services, sous le rapport de la tranquillité publique et sous celui des subsistances. Cette cité, pour me donner un témoignage éclatant de sa reconnaissance, me décerna, le 7 décembre 1789, par un acte authentique, le titre de citoyen du Mans.[1]»

De là, aux épées décernées par la même ville aux généraux d’Ambrugeac et Tranquille, on conçoit facilement qu’un quart de siècle a du s’écouler !

Cette première période de la révolution se termine, ainsi

  1. Mémoires, Journal et Souvenirs de Stanislas Girardin, t. iii, page 67.