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CCLXXVII
CINQUIÈME ÉPOQUE.

appartenaient : c’est ce que fit avec plus de succès, dans la sénéchaussée d’Aix en Provence, le comte de Mirabeau.

Une grave question fut soulevée dès l’ouverture des états-généraux à Versailles, laquelle eut lieu le 5 mai 1789 : je veux parler de la réunion des trois ordres dans une seule chambre, et du vote par tête, que demanda le Tiers, au contraire de ce qui s’était pratiqué, comme il a été dit plus haut, aux états de1614. « Parmi les français qui voulaient sincèrement la liberté, dit le constituant Mounier, (que nous avons déjà cité comme l’un des hommes de cette époque, dont le caractère est le plus généralement vénéré), il s’en trouva dans plusieurs provinces qui, voyant une assemblée des représentans des trois ordres, conçurent le dessein de faire établir, par cette assemblée même, une meilleure composition pour l’avenir, et de faire délibérer les ordres ensemble, afin que la rivalité ne mit aucun obstacle à l’établissement d’une constitution tempérée. Ils jugeaient que, si les ordres restaient séparés, ils deviendraient ennemis dès les premiers instans. On savait que les députés de la noblesse ne prétendaient pas, en 1789, comme ils avaient prétendu en 1614, que les plébéiens étaient les sujets des nobles, qu’ils ne pouvaient les appeler leurs frères aînés, sans leur manquer de respect[1] ; mais on savait aussi que beaucoup de nobles et de membres du

  1. Voir le discours de l’orateur chargé par l’ordre de la noblesse, de répondre à un député du tiers, qui, dans l’assemblée de ces états, avait eu la hardiesse de dire : « la France est notre commune mère, qui nous a tous allaités ; messieurs de l’église ont eu la bénédiction de Jacob, ont obtenu et emporté le droit d’aînesse ; vous, messieurs de la noblesse, en êtes les puînés, et nous en sommes les cadets : traitez-nous comme vos frères, et nous vous honorerons et aimerons. » L’insolence de ce discours offensa si vivement la noblesse, qu’elle nomma une députation pour en porter ses plaintes au roi. Le discours prononcé par le cardinal de Sourdis, dans une des séances de la même assemblée ; n’est pas moins curieux.