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PRÉCIS HISTORIQUE,

accordent des récompenses à ceux qui se convertiront ; le 7e et le 8e interdisent les écoles et enjoignent aux parens et tuteurs d’élever les enfans dans le catholicisme ; le 9e et le 10e accordent amnistie et restitution des biens confisqués à ceux qui ayant émigré, rentreront convertis dans le délai de quatre mois ; enfin, le 11e renouvelle la menace des peines afflictives, déjà prononcées contre les relaps ; et permet aux calvinistes de rester dans leurs maisons, sans qu’on puisse les inquiéter, pourvu qu’ils ne s’assemblent pas pour l’exercice de leur religion. Cette dernière concession, qui accordait une espèce de liberté de conscience, fut étrangement violée par le zèle outré de quelques gens en place, qui occasionna les vexations auxquelles on donna le nom de dragonades, par ce que, croyant pouvoir employer la violence, comme un moyen court et plus efficace que l’intention de faire exécuter l’édit de révocation, ils firent accompagner les missionnaires par des dragons qui, sous prétexte de chercher les calvinistes pour les mener au cathéchisme et à la messe, se répandaient dans les maisons, s’y établissaient comme en pays ennemi, pillaient les meubles, consommaient les provisions et se livraient souvent aux derniers excès d’indécence et de cruauté. Ces mauvais traitemens firent prendre en foule la fuite aux religionnaires ; il en sortit plus de deux cent mille hors du royaume.

« Il y eut beaucoup de variation dans les édits qui suivirent la révocation. Les uns permettaient de sortir du royaume ; d’autres le défendaient et le permettaient de nouveau. Quelques-uns statuaient des peines sévères contre les opiniâtres, et, presque en même temps, il en paraissait qui accordaient des grâces et donnaient des espérances. Il semblait qu’on ne suivit ni règle ni système : cependant, ou le moment fut habilement saisi, ou les mesures furent tellement prises, qu’il n’y eut aucune émeute considérable. Les réformés cédèrent à l’autorité armée de la force, et cessèrent dans toutes les villes leurs