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QUATRIÈME ÉPOQUE.

Le duc de Mayenne, fatigué du despotisme des Seize, de voir ses prétentions sur le trône de France sans résultats, et l’ambition de Philippe II se tourner en mépris contre lui, convoque une assemblée des États à Paris, dans l’espoir d’y faire prendre une détermination en sa faveur, pour l’élection d’un roi : cette assemblée a lieu au Louvre, le 26 janvier 1593. Le duc de Féria, ambassadeur d’Espagne, n’hésite pas à y proposer l’abolition de la loi Salique ; le refus de reconnaître Henri de Bourbon pour roi, se fit-il catholique ; et, enfin, d’élever au trône l’infante d’Espagne Elisabeth, fille de Philippe II. Cette proposition ouvre les yeux des moins clairvoyans et ramène au parti du roi légitime, ceux qui, parmi les chefs de la Ligue, conservent encore quelque honneur du nom Français : le parlement rend un arrêt en faveur des lois du royaume, qui porte un coup funeste aux vues du roi d’Espagne : de son côté, Henri avait pris ses mesures et gagné deux hommes des plus marquans dans les États, Villeroi et le président Jeannin. Pour placer ses partisans dans une position plus favorable, Henri dépêche de Chartres un trompette qui se présente aux portes de Paris et demande à parler au gouverneur le comte de Belin, pour lequel il était chargé d’un paquet. C’était, disait-il fort haut, à tous ceux qui pouvaient l’entendre, une déclaration des seigneurs catholiques du parti du roi, à l’assemblée des États. En vain le duc de Mayenne, le légat du pape et l’ambassadeur d’Espagne, essayent-ils de cacher le contenu de cette pièce et d’empêcher qu’il en soit donné lecture à l’assemblée, le comte de Belin fait voir combien ce silence serait dangereux, vu la disposition du peuple en faveur de toute proposition propre à mettre un terme à ses souffrances ; ajoutant, qu’il croyait que le trompette avait distribué des exemplaires de cette lettre, par laquelle on demandait des conférences avec les députés des États, pour négocier la paix : la dépêche fut lue et des commissaires, au nombre desquels était le comte de Belin,