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PRÉCIS HISTORIQUE,

enfans de sa fille, mariée au duc de ce nom ; et le duc de Guise, sacrifiant les droits de cette branche aînée de sa maison, excite l’ambition du cardinal de Bourbon, oncle de Henri de Navarre, afin de se donner le temps d’agir plus tard pour lui-même.

1585. — Cette année est fertile en événemens. Le cardinal publie un manifeste dans lequel il prend le titre de premier prince du sang, et annonce ses prétentions au trône ; les ligueurs commencent la guerre, que suspend un instant un nouveau traité de paix conclu à Nemours : ce traité, en dépouillant les protestans des avantages qui leur avaient été accordés par les précédens, procure de nouveaux avantages à la Ligue, contre l’autorité du roi. Le pape Sixte-Quint fulmine une bulle par laquelle il excommunie le roi de Navarre et le prince de Condé, et les déclare incapables de succéder à la couronne. Henri de Navarre appelle comme d’abus de cette bulle au parlement et au futur concile général ; il fait afficher cet appel aux portes du Vatican, démarche hardie, qui annonça le grand caractère qu’il allait bientôt développer, et lui valut l’estime du pontife contre les prétentions duquel il protestait. Enfin, la guerre recommence : elle est appelée des trois Henris, à cause de Henri III, chef des royalistes ou politiques ; de Henri de Navarre, chef des protestans ; et de Henri de Guise, qui se trouvait à la tête des ligueurs. La faction dite des Seize était une ligue ou association particulière, pour Paris seulement, composée de chefs qui s’étaient emparés de l’administration des affaires dans les seize quartiers de cette ville, « hommes vendus au duc de Guise et ennemis jurés de l’administration. »

Cette même année 1585 fut témoin de beaucoup d’agitations dans le Maine. Le parti des politiques et celui des huguenots désiraient que la ville du Mans restât sans défense ; celui de la ligue voulait, au contraire, la fortifier. Des assemblées avaient lieu chaque jour à la maison de ville, pour délibérer sur ce