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CXCVI
PRÉCIS HISTORIQUE,

1576. — Le roi de Navarre parvient à s’échapper de la cour et de Paris ; il se rend à Alençon avec une trentaine de seigneurs, dont était Beaumanoir de Lavardin, et s’y abouche avec le duc d’Anjou et le prince de Condé : c’est là qu’il fait abjuration du catholicisme, que Charles IX l’avait forcé d’embrasser, sous peine de mort, lors du massacre de la Saint-Barthélemi.

Le Maine eut beaucoup à souffrir des dispositions guerrières qui suivirent cette entrevue. Lavardin avait promis aux princes de faire ouvrir les portes de la ville du Mans à leurs troupes, au moyen de Roquelaure, lieutenant de sa compagnie d’ordonnance, qu’il espérait y faire pénétrer ; mais la cour le prévint en y envoyant huit compagnies commandées par d’Emery. Logées d’abord dans les faubourgs de la rive droite de la Sarthe, un débordement de cette rivière les força de passer dans le quartier de la rive gauche, où le terrain est plus élevé. Il paraît que le duc d’ Alençon fit faire néanmoins une tentative sur cette place, et que ses troupes ravagèrent les faubourgs de St-Jean, de St-Gilles et du Pré, tandis que les troupes royales n’épargnaient guère plus les quartiers de la Couture et de St-Nicolas, où on les avait logées. Morand se plaint aussi de ce que le seigneur de Thouars[1], le duc de la Trémouille, qui commandait au Mans, ménageait peu le clergé, à qui il faisait supporter une bonne part des charges publiques, et cela en haine de la maison de Rambouillet, dont un des membres, Philippe d’Angennes, frère des deux évêques Charles et Claude, lui avait été préféré quelques années auparavant, pour la charge de sénéchal du Maine. On voit aussi qu’à cette époque, les habitans de Troo, petite ville du diocèse, sur le Loir, qui avaient été obligés de se défendre l’année précédente, contre les exactions des gens d’armes des troupes du roi, se préparèrent à

  1. Thouars, terre seigneuriale située près Ballon (voir cet article), et non la ville de Thouars en Poitou.