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CLXXV
QUATRIÈME ÉPOQUE.

quoi, continuant leur marche vers la Normandie, une partie d’entr’eux passa en Angleterre ; le plus grand nombre se réunit aux troupes de Montgommery, qui les envoya en garnison à Vire, où ils se rendirent odieux aux habitans par leurs excès : c’est là qu’ils trouvèrent la fin de leur carrière aventureuse, ayant tous été passés au fil de l’épée, lorsque cette ville fut prise par leurs adversaires.

Les catholiques ne furent pas plutôt redevenus les maîtres dans la ville, qu’ils se livrèrent à la plus affreuse réaction ; et, ce qui est horrible, mais trop ordinaire dans toutes les circonstances semblables, ce furent leurs complices, les traîtres, les transfuges du parti protestant, qui devinrent les agens les plus actifs et les plus cruels de leurs fureurs. Deux gentilshommes, Marin Chalopin et son fils, désignés sous le nom de Pezats dans les relations du temps, « esprits grands et hardis, mais inquiets et ennemis du repos, » se servirent avec tant d’adresse du masque de la religion, que s’étant mis à la tête des catholiques, ils se rendirent maîtres des affaires, de telle sorte que rien ne s’exécutait que par leur ordre et qu’ils parvinrent à s’enrichir de plus de cinquante mille écus, (qui feraient près d’un demi-million de nos jours) en dépouillant ceux qu’ils persécutaient. Un cabaretier, nommé Tréguin, fut choisi pour capitaine du château, ou plutôt pour le geôlier de cette vaste prison, où l’on jetait dans une basse fosse, tous ceux qui refusaient, de racheter leur liberté par des sommes excessives. Les maisons des plus riches et des plus qualifiés des religionnaires, furent bientôt mises au pillage ; le jeune Chalopin, à la tête de la populace armée, se porta au palais pour y arrêter Taron, premier avocat du roi ; des soldats furent envoyés pour se saisir de Bouju qui, dépouillé de sa charge de lieutenant-criminel, s’était retiré à sa terre de Verdigny ; mais Bouju s’y étant mis en défense, les meurtriers se vengèrent de ce qu’ils n’avaient pu l’atteindre, en massacrant René d’Argenson, sieur d’Avaines, qui venait de