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CLXXIII
QUATRIÈME ÉPOQUE.

la tête de la bête, en parlant de l’évêque, pour en manger à mon souper, disait la dernière ; celles de ce vilain Guise, de la Grande Cardinale, (Madame d’Aumale), et des frères frapparts ; en parlant des jacobins. Vœux sanguinaires, qu’il faut avoir entendu reproduire de nos jours, encore par des femmes, et dans des circonstances analogues, pour croire à une si coupable exaspération, de la part d’un sexe naturellement humain et compatissant !

De l’exaltation des mots, on passe aisément à l’exaltation des faits ; aussi, d’opprimés que les protestans avaient été, tant qu’ils furent faibles, ils devinrent bientôt oppresseurs, aussitôt qu’ils se crurent forts ; et, tandis qu’ils célébraient leur culte en plein jour, dans tous les lieux publics à leur convenance, ils forçaient leurs adversaires à cacher dans les ténèbres l’exercice du leur. Enfin, plusieurs auteurs, de ceux il est vrai dont, suivant Blondeau, la véracité est suspecte, prétendent qu’un des conjurés, Berault Corderie, entrait de force dans les maisons des catholiques, pour avoir leur vie ; qu’un autre appelé Flotte, disait qu’il fallait tuer tous les papistes, parce qu’ils avaient tué des huguenots ; et qu’en effet, plusieurs des premiers furent mis à mort. Pour justifier ces excès, les calvinistes s’autorisaient des ordres donnés par le duc de Guise aux gouverneurs des villes de Mayenne, Sablé, et la Ferté-Bernard, qui étaient de son domaine, d’y exterminer tous les serviteurs du Christ, ainsi que se qualifiaient les réformés, qui arguaient aussi de la conduite de l’évêque Charles d’Angennes. Ce prélat, oubliant les véritables devoirs d’un bon pasteur, avait levé un corps de troupes à la tête duquel, armé en homme de guerre, il parcourait les environs du Mans, pillait et mettait tout à feu et à sang, et même, un jour de marché à Montfort-le-Rotrou, il se porta lui-même à des violences envers un sergent du comté du Maine, moins en haine de la religion réformée, que parce que ce sergent l’avait exécuté pour le paiement des décimes dus au roi. Un auteur con-