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CXLIV
PRÉCIS HISTORIQUE,

dit exister dans le 11.e siècle, étaient loin d’être autorisées, puisqu’un arrêt rendu pendant le règne de S. Louis fait connaître que les seigneurs, au contraire, étaient tenus de faire garder les chemins, depuis le soleil levant jusqu’au soleil couché, et que le droit de péage qu’ils percevaient n’était qu’une indemnité de cette obligation. Cette police, bien ancienne, se trouve dans un capilulaire de Charlemagne de l’an 812. Une autre loi du même genre, une constitution de l’empereur Frédéric II, défend, sous quelque prétexte que ce puisse être et sous des peines graves, de troubler les laboureurs dans leurs travaux, de s’emparer de leurs biens, de leurs personnes, de leurs instrumens, de leurs bœufs, etc. Cette constitution n’était que le renouvellement d’un édit de Constantin sur le même sujet. Louis-le-Hutin, en la rendant exécutoire dans le royaume, fait connaître l’existence du mal, par le remède qu’il cherche à y apporter.

Cet état perpétuel de guerre qui dépeuplait le royaume, la noblesse surtout ; la malheureuse bataille de Verneuil, qui fit périr un si grand nombre de seigneurs, donnèrent lieu aux anoblissemens. Les premières lettres de noblesse sont de Philippe-le-Hardi, et données en faveur de Raoul, orfèvre ou argentier du roi. On en voit quelques autres sous Philippe-le-Bel, et des exemples de fiefs achetés par des roturiers. Il fallait beaucoup d’argent afin de se mettre en équipage pour aller à la Terre-Sainte, où chaque noble entretenait, payait, nourrissait les hommes d’armes qu’il y conduisait, dépense dont il faisait l’avance au moins ; souvent il fallait vendre une partie de ses biens pour y subvenir, et on ne le pouvait faire, qu’en s’adressant à ceux qui, restant chez eux, gardaient leur argent et pouvaient l’utiliser, en achetant les propriétés de ceux qui partaient.

De cet état de choses, de cette nécessité de trouver de l’argent, vint aussi l’admission du Tiers-Etat, ou des roturiers, dans les États du royaume. Il fallut bien consulter cette