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PRÉCIS HISTORIQUE,

ce point, parmi les savans, nous nous contenterons ici de cette simple indication.

Louis-le-Gros ayant à se plaindre de l’esprit d’indépenrdance des seigneurs, qui ne remplissaient pas envers la couronne les devoirs auxquels les obligeait leur vassalité, imagina, ou se laissa persuader, d’affranchir les habitans des villes du servage, moyennant certaines sommes et certaines redevances, et leur permit de se choisir des officiers parmi eux, sous le nom de maïors et de scabins, maires et échevins : les juges des villes et des villages purent également être pris parmi leurs habitans, ce qui les fit appeler, comme nous l’avons déjà vu, pairs-bourgeois. Ces communes devaient envoyer les contingens d’hommes d’armes, qu’elles auraient dû fournir à leur seigneur, lorsque le roi était en guerre, directement au camp du roi. Ces contingens s’y rendaient, sous la bannière de la paroisse, et le curé les y conduisait processionellement. On envoya ensuite dans les provinces des juges, des exempts, chargés de s’informer de la conduite des comtes et des ducs, de redresser leurs torts, de reparer leurs injustices ; et lorsque ces juges ne croyaient pas devoir prononcer eux-mêmes, dans certains cas, ils renvoyaient les causes aux grandes assises du roi, Mallum Imperatorii : ce furent depuis les parlemens. Les grands-baillis, institués ensuite, eurent seuls la connaissance des cas royaux, et d’un grand nombre d’affaires, à l’exclusion des juges seigneuriaux. Les seigneurs ne purent plus rendre la justice par eux-mêmes, et furent obligés d’instituer des officiers à cet effet, qui eurent le titre de baillis, hommes baillés pour empêcher l’oppression, pour secourir ceux qui sont oppressés, opprimés. Enfin, l’appel des jugemens de ceux-ci aux juges royaux parvint à tirer la nation de l’esclavage où la tenait un pouvoir trop oppressif. Cette réforme, qu’on peut regarder comme une première révolution, fut l’ouvrage de l’illustre abbé Suger, et de quatre frères du nom de Garlande, les principaux ministres de Louis-