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CXVIII
PRÉCIS HISTORIQUE,

Les croisades donnèrent encore lieu à l’établissement des ordres hospitaliers de S.-Lazare, de S.-Jean-de-Jérusalem et du Temple : le premier était le plus ancien. Louis-le-Jeune ramena avec lui de la Palestine plusieurs frères de cet ordre, et leur donna l’administration des nombreuses maladreries qui existaient déjà en France à cette époque, pour recevoir les infortunés attaqués de la lèpre, maladie qu’avait également introduite dans le royaume le retour des croisés. Plus tard, Louis VIII, par son testament, lègue cent sous, qui équivaudraient à quatre-vingt-quatre de nos francs, aux deux mille léproseries de son royaume. Nous trouverons à chaque pas, sur le territoire que nous décrivons, des vestiges de ces établissemens et des bénéfices de l’ordre des templiers et de celui de S.-Jean-de-Jérusalem, sous le nom de léproseries, maladreries, chapelle S.-Lazare, chevalerie, templerie, etc.

Le mal des ardens était une autre calamité de ces tems malheureux. On voit la charité de l’évêque Avesgaut, faire construire en pierre un hôpital pour cette infirmité, tout-près de la cathédrale et de son hôtel épiscopal, qui n’était qu’en bois, et qu’il fait réédifier en pierre en même tems. On appelait encore cette maladie feu sacré, mal d’enfer, parce que les malheureux qu’elle atteignait, étaient dévorés par un feu intérieur, qui leur causait des tourmens qu’ils croyaient pouvoir comparer à ceux de l’enfer, et que la mort seule faisait cesser.

On attribue le mal des ardens à la mauvaise nourriture et aux privations que causaient les disettes rendues si fréquentes par les guerres intestines d’alors. Parmi le grand nombre de ces disettes, que signalent les historiens, le Maine, en particulier, en éprouva deux pendant la période que nous venons de parcourir, l’une en 1081, sous l’épiscopat de l’évêque Hoël ; l’autre en 1187. « Celle-ci fut si cruelle, dit Morand, » qu’après que les greniers des riches eurent été vidés, les