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CXIII
QUATRIÈME ÉPOQUE.

dans leurs monastères, ceux-là conservèrent néanmoins les droits de présentation et de dîmes dans ces bénéfices, à la charge de pourvoir à la subsistance des curés par qui ils durent se faire remplacer. Cependant « de crainte que les chanoines ne vinssent à s’abrutir, par la fréquentation des paysans », ils furent tenus d’avoir un compagnon avec lequel ils pussent converser, et qui ne travaillait qu’en second ; celui qui desservait en chef fut nommé prieur et son bénéfice prieuré, quoique ce ne fut plus qu’une simple cure, dont le desservant était le curé, et son second le vicaire. Telle est l’origine des nombreux établissemens de ce genre, qui subsistèrent dans la province, jusqu’à la révolution.

L’époque dont nous traitons, ne fut pas moins remarquable que la précédente, par le grand nombre de fondations religieuses qu’elle vit s’établir dans le pays : les seigneurs manceaux et angevins se signalèrent comme à l’envi pour les fonder et les doter. C’est dans cette période que furent érigés les monastères de Beaulieu, d’Etival, de Perseigne, de Bellebranche, du Perrai-Neuf, de Grammont, de Melinais, etc., etc. Ce fut aussi celle de la création de nouveaux ordres monastiques, qui eurent également des établissemens dans la contrée, tels que les Chartreux, les Camaldules, Cîteaux, Fontevrault, les Prémontrés, etc., etc.

La piété, ou du moins sa manifestation, faisant également des progrès, le nombre des fêtes qui, sous la seconde race, se bornait à quinze, dont on trouve l’énumération dans un capitulaire de Charlemagne, fut accru pendant cette période. L’hérésie de Bérenger, archidiacre d’Angers, donna lieu à l’évêque du Mans, Hildebert, qu’on accusait d’être son sectateur parce qu’il avait été son élève, d’instituer, comme un moyen de justification, la procession du Saint-Sacrement, qui fut adoptée successivement dans toute la chrétienté. La fête des Morts, que le moine Odilon, abbé de Cluny, inventa, en faveur des âmes du purgatoire, fut aussi introduite

II