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CIX
QUATRIÈME ÉPOQUE.

ques, dans plusieurs conciles, essayèrent également d’y mettre un frein, en établissant ce qu’on appela la trêve du Seigneur. Il fut défendu d’attaquer son ennemi, moine ou clerc, marchand, artisan ou laboureur, depuis l’heure de none du samedi, jusqu’à l’heure de prime du lundi ; ensuite, qu’on ne pourrait rien prendre par force, ni tirer vengeance d’un ennemi, ni exiger de gages d’une caution, depuis le mercredi au soir jusqu’au lundi matin ; le tout sous peine d’une amende appelée composition des lois, ou de l’excommunication et du banissement. Cette défense fut étendue, par le concile de Clermont, aux veilles et aux jours des fêtes de la Vierge et des SS. Apôtres. Ce concile défend de plus, d’attaquer, de blesser, de tuer, ni de voler personne, sous peine d’excommunication et d’anathème, depuis le mercredi qui précède le premier dimanche de l’Avent, jusqu’à l’octave de l’Epiphanie, et depuis la Septuagésime jusqu’au dimanche de la Trinité.

Ces statuts ne passèrent pas sans opposition : celle de Gérard, évêque de Cambrai, fut justifiée par l’événement, puisque tous ceux qui jurèrent ces sortes de paix, ne manquèrent pas, comme cet évêque l’avait prévu, à se parjurer. Les Normands, surtout, se refusèrent long-tems à une discipline qui leur interdisait le droit de déclarer et de faire la guerre à leur volonté : ils ne fallut pas moins que la contagion appelée mal des ardens, dont ils furent attaqués à cette époque, pour les y assujétir et la leur faire jurer, comme on le voit par un passage du roman de Rou, ou chronique en vers de l’histoire de Normandie, écrite dans le milieu du 12.e siècle, par Robert Wace, auteur des vers d’une autre chronique que nous avons déjà cités[1].

  1. Le Roman de Rou est un ouvrage fort curieux à consulter, sur l’histoire de Normandie et même sur celle du Maine : c’est une chronique des ducs de Normandie, depuis Rollon, Rolt on Rou, dont nous avons parlé. Cette production, restée manuscrite jusqu’ici, vient d’être imprimée par les soins de mon