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CVII
QUATRIÈME ÉPOQUE.

qu’il ne crut pas avoir besoin d’user de la précaution prise par ses prédécesseurs, de faire couronner et de s’associer son fils de son vivant.

L’usage seul n’établit point le droit d’aînesse, pour la noblesse, comme il l’avait fait pour la royauté. Ce fut en Bretagne, dans une assemblée des grands de ce duché, qu’on appelle l’Assise du comte Geoffroi, fils de Henri II d’Angleterre, et père de l’infortuné Arthur, qu’il fut ordonné que les baronnies et les chevaleries appartiendraient aux seuls aînés, sous certaines restrictions. Les simples gentilshommes, pour n’en point céder aux barons, demandèrent à être compris dans cette loi, qui bientôt devint générale pour la province, et, plus tard, s’introduisit dans tout le royaume.

La Pairie est également de cette époque : l’origine en est obscure, comme celle de tout notre droit français. Cependant, on peut expliquer la Pairie, dont le nom de pair, par, veut dire égal, l’égalité entre les vassaux relevant immédiatement d’un même suzerain, d’une même seigneurie, de la même manière, c’est-à-dire, sous les mêmes obligations de foi et hommage, de service militaire, d’assistance dans les cérémonies d’éclat qui l’intéresse, comme à rendre la justice : car les pairs étaient juges, dans toute l’étendue de la seigneurie dont leur pairie était une mouvance. Ainsi, on voit qu’à cette époque, il y avait autant de pairies et de rangs dans la pairie, qu’il y avait d’ordres et d’espèces de suzerainetés. Mais les principaux pairs, ceux qui seuls ont retenu ce titre, et ont formé la cour des pairs par excellence, furent ceux dont les fiefs étaient dans la mouvance directe de la couronne, c’est-à-dire, ceux qui dépendaient originairement du duché de France, que posséda Robert-le-Fort, qu’ils fussent ducs, comtes ou barons. Leur nombre, borné à douze, à l’époque dont nous parlons, s’est augmenté, par l’érection de grands fiefs auxquels la pairie fut attachée postérieurement : ainsi, il n’existe point de lettres de création des premières pairies,