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CII
PRÉCIS HISTORIQUE,

pour tâcher de les réconcilier. Une entrevue eut lieu entre les deux rois à la Ferté-Bernard ; mais Philippe, prétendant que les sterlings anglais avaient ébloui le légat, qu’il trouvait être trop dans les intérêts de Henri, la conférence fut rompue : Philippe fit marcher ses troupes qui étaient restées à Nogent-le-Rotrou, s’avança dans le Maine, prit la Ferté, Montfort, Bonnétable qui s’appelait alors Malestable, Ballon, et vint mettre le siège devant la ville du Mans. Henri II s’était retiré dans cette ville qui, comme nous l’avons vu, était le lieu de sa naissance : mais voyant n’y pouvoir tenir, il fait mettre le feu à ses faubourgs et se retire devant son ennemi ; l’incendie s’étendit plus loin qu’il ne l’avait prévu : une grande partie de la ville fut consumée.

Philippe, toujours suivi du prince anglais Richard, après s’être emparé du Mans, poursuit le vieux roi jusqu’à Tours et à Chinon, tandis que Jean, qui avait levé un corps de troupes, s’empare de différentes places de la province, telles que le Château-du-Loir, la Chartre, Troo et plusieurs autres sur le Loir. Enfin, Henri accablé de fatigues et de chagrins, surtout après que Philippe lui eût fait connaître la part que prenait Jean, son fils chéri, à la rébellion de son frère Richard, mourut en donnant sa malédiction à ses fils parricides ; malédiction que le clergé qui l’entourait ne put parvenir à lui faire révoquer.

Après la mort de Henri II, son fils Richard lui succéda au trône d’Angleterre et dans ses autres souverainetés. Il dota son frère du comté de Glocester, en Angleterre ; et Philippe-Auguste lui ayant rendu tout ce qu’il avait conquis sur son père, les deux rois passèrent ensemble en Palestine, malgré la sourde mésintelligence qu’occasionna entr’eux la déclaration que fit Richard à Philippe, qu’il ne pouvait épouser sa sœur Alix, à qui il était fiancé. C’est alors qu’il devint épris des charmes de Bérengère, fille de Sanche VI, roi de Navarre, que plusieurs historiens appellent à tort Bé-