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XCIV
PRÉCIS HISTORIQUE,

prisonnier, et je le devrais peut-être pour épargner le sang de mes sujets ; mais ce procédé répugne à mon honneur, et je veux voir si vous êtes autant vaillant que fanfaron. »

Hélie reconnaissant son imprudence, s’éloigna à la hâte d’un lieu si dangereux pour sa sûreté, et vint prendre toutes ses précautions pour sa défense et celle du comté, en s’assurant la bonne volonté des Manceaux, qui lui offrirent toutes sortes de secours ; en renouvellant son alliance avec le comte d’Anjou ; et en établissant de nouvelles fortifications, tant dans la ville du Mans que dans les lieux environnans. Mais un jour qu’il traversait le bois de Dangeul, il fut arrêté par le comte du Perche, Guillaume Talvas, qui lui avait tendu une ambuscade, et livré à Guillaume, qui le fit renfermer dans la tour de Rouen, avec Hervé de Montfort, son écuyer.

1099. — Guillaume-le-Roux s’étant avancé jusqu’à Fresnay, dont il fit le siège, plusieurs des principaux seigneurs manceaux l’y vinrent trouver pour l’engager à suspendre sa marche, lui promettant un prompt accommodement : mais, après y avoir accédé, Guillaume, qui s’apperçut qu’on ne cherchait qu’à l’amuser, se porta sur le Mans, y arriva par le tertre de Banjan et vint placer ses machines de guerre sur les deux monts Barbet. Foulques d’Anjou, à qui les habitans avaient livré le château, comme étant l’allié de leur comte Hélie, s’y défendit avec courage et força Guillaume à lever le siège et à se retirer à Ballon, que Payen de Mondoubleau avait été forcé de lui livrer ; d’où ayant reçu un renfort de troupes anglaises et normandes, il revint sur ses pas et força les Manceaux à lui ouvrir les portes de leur ville, ce qui détermina Hélie, qui craignait que le comte d’Anjou ne traitât avec Guillaume, d’une manière contraire à ses intérêts, de renoncer au comté du Maine, et de faire hommage à Guillaume de la terre de la Flèche, pour recouvrer sa liberté.

Hélie ayant offert en vain, au sortir de sa prison, de se ranger au nombre des courtisans du roi d’Angleterre, lui