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LXXXIX
QUATRIÈME ÉPOQUE.

de la province, fit démanteler les murailles et brûler une partie de la cité du Mans, pour contenir cette ville dans le devoir.

1064. _ La soumission de Geoffroi de Mayenne, qui ne recouvra son domaine qu’en en faisant hommage une seconde fois à son vainqueur, entraîna celle de toute la province. Mais bientôt le joug de Guillaume paraissant de nouveau insupportable aux Manceaux, une seconde révolte éclate, et Guillaume revient dans le Maine pour la troisième fois, à la tête de trente mille soldats. Pour mieux battre la ville du Mans, qui avait relevé ses murailles, Guillaume fait élever deux forts qui dominent la ville, et s’en rend maître par ce moyen : (ces forts étaient connus sous le nom de la Motte-Barbet et du Mont-Barbet) ; et afin de contenir le Mans dans le devoir, il fait construire un château dont il confie la direction des travaux à la veuve d’un ingénieur normand, nommée Orbinde, ce qui a donné lieu au nom de tour d’Orbindelle, et par corruption de Ribandelle, que portait un des donjons de ce château.

1066, — L’expédition de Guillaume en Angleterre fut moins étrangère à la province du Maine, qu’on ne le croit communément. Non-seulement, des nombreuses voiles qui composaient la flotte du conquérant, trente lui furent fournies par l’évêque du Mans, Arnaud, normand d’origine et qui lui était fort attaché ; mais, à la célèbre bataille d’Hastings, qui eut lieu le 14 octobre, et qui suffit pour mettre la couronne d’Angleterre sur la tête de Guillaume, les Bretons, les Angevins, les manceaux, formèrent la droite de son armée, sous les ordres de Montgommery, et contribuèrent puissamment à la victoire qui en fut le résultat. Ces trois nations pouvaient-elles ne pas combattre avec ardeur, électrisées qu’elles, durent être par la fameuse chanson de Rolland, qu’entonna le trouvère Taillefer, après que la charge eut sonné ; de Rolland