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LXXXVIII
PRÉCIS HISTORIQUE,

vince, Geoffroi de Mayenne, Hubert de Sainte-Suzanne et Hugues de Sillé. Deux autres prétendans se mirent également sur les rangs, Jean, seigneur de la Flèche, et Azon, marquis de Ligurie, en Italie, qui tous deux avaient épousé, le premier Pauline, le second Hersende, filles de Hugues II et sœurs d’Herbert, dont ils se disputaient la succession avec leur tante Biotte, dont on vient de parler, et cela au détriment de Marguerite, fille de ce même Herbert.

Mais à peine tous ces concurrens avaient-ils eu le tems de manifester leurs prétentions et de faire quelques dispositions pour les appuyer, si ce n’est Gautier qui déjà s’était emparé du Mans, que Guillaume-le-Bâtard, à la tête d’une nombreuse armée, se présenta aux portes de cette ville que les habitans lui ouvrirent contre leur gré, ce qui força Jean de la Flèche, qui venait pour la surprendre, à se retirer. Gautier de Meulan et sa femme, qui se trouvaient dans la ville, furent faits prisonniers et emmenés à Falaise, où ils moururent empoisonnés, sans laisser d’enfans. Si ce fait, affirmé par Oderic Vital, est réel, on voit, et par cet exemple, et par celui que nous avons rapporté plus haut d’un expédient de Guillaume au siège d’Alençon, que ce prince n’hésitait pas à employer les grands moyens pour soumettre ou pour punir ses ennemis.

Guillaume s’étant retiré en Normandie, et la jeune comtesse Marguerite étant morte, sans que son mariage avec Robert eût pu avoir lieu, les prétentions de ses deux cousines se réveillèrent : le peu de penchant qu’avaient les Manceaux à rester sous la domination normande les favorisa. Geoffroi de Mayenne et Hubert de Sainte-Suzanne s’étant mis chacun à la tête d’un parti, leur division facilita les succès de Guillaume contre eux. Il entra en diligence dans le Maine, assiégea le château d’Ambrières qu’il prit et fortifia, s’empara par ruse et en y mettant le feu de celui de Mayenne, que Geoffroi défendit vaillamment, soumit le reste