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de Mehemet-Effendi, son père, ambassadeur de la Porte. Zaïb Aga promit les livres qui étaient actuellement sous presse ; mais il s’excusa sur l’envoi du catalogue, en assurant qu’il n’y avait personne à Constantinople assez habile pour le faire. L’abbé Bignon communiqua cette réponse au comte de Maurepas, qui prenait trop à coeur les intérêts de la bibliothèque du roi pour ne pas saisir avec empressement cette occasion de la servir. Il fut arrêté que la difficulté d’envoyer le catalogue demandé n’étant fondée que sur l’impuissance de trouver des sujets capables de le composer, on enverrait à Constantinople des savans qui, en se chargeant de le faire, pourraient voir et examiner de près cette bibliothèque. L’abbé Sevin et l’abbé Fourmont, tous deux de l’académie des inscriptions et belles-lettres, furent chargés de cette commission. Ils arrivèrent au mois de décembre 1728 à Constantinople ; mais ils ne purent obtenir l’entrée de la bibliothèque du grand-seigneur ; ils apprirent seulement, par des gens dignes de foi, qu’elle ne renfermait que des livres turcs et arabes, et nuls manuscrits grecs ou latins, et ils se bornèrent à l’autre objet de leur voyage, qui était de recueillir tout ce qui pouvait rester des monumens de l’antiquité, dans le levant, en manuscrits, en médailles, en inscriptions, etc. L’abbé Fourmont parcourut la Grèce pour y déterrer des inscriptions et des médailles ; l’abbé Sevin fixa son séjour à Constantinople, et, secondé du pouvoir du marquis de Villeneuve, ambassadeur de France, il parvint à rassembler, en moins de deux ans, plus de six cents manuscrits en langue orientale ; mais il perdit l’espérance de rien retrouver des ouvrages des anciens grecs dont on déplore la perte : il revint en France après avoir établi des correspondances nécessaires pour continuer ce qu’il avait commencé ; et, en effet, la bibliothèque du roi a reçu presque tous les ans, depuis son retour, plusieurs envois de manuscrits, soit grecs, soit orientaux. On est redevable au