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On peut admettre qu’une de ses particularités était la perce d’une rose dans la table, au centre, entre les deux ouïes. Cette rose était l’un des signes particuliers de la lira di gamba. En Angleterre, la viola bastarda s’appelait lyra-viol. D’après Playford (1700), elle fut choisie par le violiste anglais Daniel Farraut pour essayer son invention des cordes sympathiques.

Viola di bordone. C’est un des noms donnés à l’instrument appelé baryton.

Viola di gamba. Voy. Viole.

Viola pomposa. La viola pomposa était une petite viola di gamba, montée de 5 cordes accordées par quintes et dont la corde aiguë permettait aux exécutants d’atteindre les notes élevées sans démancher. On en attribue l’invention à J.-S. Bach, vers 1720, qui la fit construire par Martin Hoffmann, de Leipzig. Bach n’écrivit cependant aucune œuvre spéciale pour cet instrument, qui fut bientôt abandonné.

Viole, et précédemment Vièle, n. f. Cette dernière forme est le nom générique des instruments à cordes et à archet, pendant le moyen âge. Leur forme, jusque vers le xiiie s. était généralement ovale, avec manche indépendant de la caisse, cordier, chevalet, cheviller, deux ouïes placées souvent en haut de la table, et cinq cordes dont les deux premières paraissent le plus souvent avoir été couplées. D’après la description de Jérôme de Moravie (vers 1290), l’accord des cordes à vide était :


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  \relative do {
    \time 15/2
    \clef bass
    re1_\markup { \lower #5 { \italic { \center-column { \concat{"I" \super "re" "corde"} (bourdon)}}}}
    s2 sol,1_\markup{ \lower #5 { \italic "II" }}
    sol'_\markup { \lower #5 { \italic "III" }}
    re'~_\markup { \lower #5 { \italic "IV    et" }}
    re_\markup { \lower #5 { \italic "V" }}
  }
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    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves \remove Time_signature_engraver }
    \context { \Score
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    }
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    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
  }
}
\header { tagline = ##f}

La 1re corde, ou bourdon, sonnait à vide ; chacune des autres fournissait une quarte diatonique. L’étendue générale était donc :


\language "italiano"
\score {
  \relative do {
    \time 15/2
    \clef bass
    sol1
    \clef treble
    la''
  }
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves \remove Time_signature_engraver }
    \context { \Score
               \override SpacingSpanner.base-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/32)
    }
    indent = 0\cm
    line-width = #120
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
  }
}
\header { tagline = ##f}

Par l’accord différent de la 5e corde, on atteignait le au-dessus de ce la. Au xiiie s., la forme de la vièle varie. On trouve des représentations de vièles arrondies, et d’autres qui se rapprochent de la forme et des dimensions de l’alto, mais sans échancrures. Peu à peu, la forme tend à se fixer : vers la fin du xve s. elle est à peu près régulière. Dans la famille des violes, on distingue : la viola a braccio = à bras, ou viole proprement dite, équivalent de la vièle ;


Vièle à archet
(xiie siècle).


Vièle à archet
(xve siècle).

la viola di gamba = de jambe, jouée comme le violoncelle, équivalent de la rote = basse de viole ; le dessus de viole, viola di spalla, de la grandeur du rebec ; le pardessus de viole, petit violon à la française, quinton, de la grandeur de la gigue. En plus de ce quatuor principal : la viola bastarda, viola pomposa, viola di bordone (ou baryton), viole d’amour, violone.

Le nombre des cordes varie dans les représentations figurées des mêmes violes. On en trouve de 3 à 7 cordes et jusqu’à 12 cordes (en Allemagne). Virdung, Agricola, Luscinius, Praetorius, décrivent les violes sous le nom de Geige, et y comptent des variétés formant le quatuor complet.
Basse de Viole.
(xvie s.)
D’après Agricola, le discant, l’alto et le ténor avaient 4 cordes, la basse 5. La figure donnée par Praetorius réunit cinq instruments, trois viole di gamba, une viola bastarda, et une lyra da braccio. Cette dernière a 7 cordes dont 2 en bourdons hors de la touche. La famille des violes fut le résultat des perfectionnements de la vièle et de l’unification de ses différents modèles.

Quelle que soit la dimension de la viole, elle a toujours pour caractères généraux : une caisse à dos plat ; des éclisses assez hautes qui en font le tour et relient les deux tables ; des échancrures en forme de C très ouvert ; la table supérieure légèrement voûtée, celle du fond plate et coupée en sifflet vers le manche ; deux ouïes percées, à la hauteur des échancrures, ordinairement en forme de C très ouvert ; les bords des tables affleurant les